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P\ í v>; 8* Série, 18* Année. Tome XVIII.
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AVRIL 1914 — N* 4
r '77
t 1 /
REVUE
DE
PSTCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
DIKEGTEUR : D r TouIOUSC
Médecin en Ohef de í’Asile de Villejuif,
Direoteur du Laboratoire de Psychologle expérimentale
à TEcole des Hautes-Études (Paris).
Gomité de rédaction
D r MIGNARD, Médeciu Adjoint de
ia Maison Nat 1 # deGharenton.
D r BLIN, Módecin en Ghef des Asiìes
de la Seine.
D r COLIN, Mé.lecin en Cheí des
Asiles dt la Seine.
D r KLlPPEL,Mádecin des Hòpìtaux
de Paris.
D r MARGHAND, Médecin-Ghef de
la Maison Nationale de Cha-
renton.
D r MARIE, Mddecin ©n Ghef des
Asiíes de la Seine.
D r PAGTET, Médeoin en Chef des
Asiles de la Seine.
D PICQUÉ, Chirurgien des Hòpi-
taux de Paris et des Asiles de la
Seine.
D r SÉRIEUX, Módeoin en Ghef dea
Asiles de ia Seine.
D r VIGOUROUX, Módecin ea Ghaf
des Asiles de la Seine.
Rádaction :
D r JlfQUELIER
MéJecin ohef
dea aailea de ia Saine.
H. PIÉRON
Directeur du Laboratoire
de Psychologie physiologique
a la Sorbonne.
Secrétariat :
D r J. CRINON
Licenoió èa soiencea
Anoien interne dea Aailea de la Seine
La Revue da Paychiatrie parait le SO de oheqoo moia ; elle publie an
grand nombre d’études originales et ellodonne une rorue complèto mxmouTo-
ment psyohiatri|ue franQais et étranger.
Prix de rabonnement: France, 15 francs; Etranger, 18 francs,
Prix du numóro : un franc cinquante.
PARIS
OOTAVE DOIN &> FIL8, ÉDITEURS
8 , Place de l’Odéon, Parls
1914
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SÉDATIF ÉNERCIQUE DES CEHTSES HERVEUX
Pas d’accidents de Bromisrae,comme avec lesBpomures minéraux
Pas d’irrégularité d’action, coinme avec les Valérianates
^ i T rapidementlesNévralgiesdiverses,laNeuras-
11 A I nll li' thénie, 1’EpilepsIe, l’Hystérie, i’Insomnie
I j U I 1 1 VI fli due à I’agitation fébrile, ia Coqueluche, les
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est au JPhosphore biano ce que
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DÉBIT de Ia SOORCE:
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30MflK.fi.IONS
de Bontellles
L’Eau de Table sans Bivaíe Déoiarée dTntérét putiio
ím. plus Uóg-òre èt PBetoxaao néerwt aa tm Aattt tmer
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d« Séríe. Ì8® Ànnée. íome XVIÍl.
AVRÌL Í91Í — N® 4
REVUE DE PSYGHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Les troubles nerveux et psychiques consécutifs aux catas-
trophes navales, par A. Hesnard. 139
Les crises des déments prócoces, par Halberstadt et
Legrand . 152
Note sur l’emploi d’un vomitif dans la prophylaxie et
le traitement des accès périodiques, par T. Bon-
homme et J. Bonhomme. 161
Nouvelles.
De la néeessité de rexamen médical des ofíiciers supérieurs et
généraux avant leur envoi aux colonies. 164
Revue des Sociétés
Sociótó de psychiatrie. — Séance du 18 décembre 1913. —
Etude anatomo-clinique d’une démente précoce syphilitique,
Laignel-Lavastine. — Un cas d’hallucinose, R. Dupouy. —
Etat hallucinatoire avec exacerbations symptomatiques d’une
hypertension intra-cranienńe, Glaude. — Un cerveau d’idiot
épileptique microcéphale, Jacquin et Marchand. — Stéréoty-
pies consécutives à une crise d’alcoolisme aigu, Wallon. —
Troubles mentaux et grossesse, Boutet. — Phychose halluci-
natoire et imaginative, Collin,Terrier, Vinchon. — Histoire
clinique d’une méningite suppurée, Devaux et Barat. — P.
G. juvénile avec autopsie, Laignel-Lavastine et Jacquin. 165
Séance du 15 janvier 1914. — Examen du fonds mental dans les
démences, Ballet et Genil-Perrin. — Pseudo-surdité ver-
bale chez un halluciné chronique de l’ouie, Geillier et Ale-
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jouanine. — Troubles mentaux chez une femme au cinquième
mois de la grossesse, Boutet ... 169
Séance du 19 février 1914. — Démence épileptique à forme de
P. G. et P, G. chez un épileptique, Maiulard et Alajoua-
nine. — P. G. ayant débuté par des haliucinatìons psycho-
motrices verbales obsédantes, Borel et Ceillier. — Réponse
à une question posée par M. le Ministre de lTntérieur à Pocca-
sion du projet de réforme de la loi de 1838. 171
Société de Médecine mentale. — Séance du 16 mars 1914. —
L’aliénation mentale chez les employés de chemin de fer,
Pactet. — Confusion mentale avec crises convulsives, Cap-
gras. — Accès confusionnel chez une femme épileptique,
Leroy et Beaudoin. — Elections. — Prix. 175
Revue des périodiques
France. — En quoi consistent les phénomènes de la cécité
psychique, Davidenkoff ( Encéphale ). 176
Italie. — Suppuration fétido-gazeuse chez une démente pré-
coce, Fornaca. — Essai de no-restraint dans les manicomes les
moins adaptés, Fulciola. — L’activité motrice volontaire
dans quelques formes d’aliénation mentale, Fulciola. — La
pression sanguine dans les différentes phases de la psychose
maniaque dépressive, Fulciola. — La simulation des atten-
tats chez les adolescents, Petro. — La pression sanguine chez
les déments séniles, Valabrega. — Hypoplasie du système
artériel dans les maladies mentales, Martineti ( Annali di
Freniaìria) . 176
Bulletin bibliographique mensuel.... xm
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LES TROUBLES NERYEUX ET PSYCHIQUES
CONSÉCUTIFS AUX CATASTROPHES NAYALES
Gontribution a l’étude des psyghonévroses émotives
Par M. A. Hesnard
Médecin de la Marine
Assisiant de psychiatrie à VUniversíté de Bordeaux .
Les troubles nerveux et psychiques consécutifs aux cataclysmes
et aux grandes catastrophes, terrestres, militaires, navales, etc.,
sont encore très mal connus. Leur étude nous semble pourtant
des plus intéressantes, car ils paraissent ètre actuellement les seuls
symptòmes morbides de ce genre, dans Pétiologie desquels Fémotion-
choc doit jouer un ròle indiscutable et primordial.
Nous ne voulons pas, particulièrement en ce qui concerne les
symptòmes psychopathiques, renouveler le débat traditionnel,
qui s x est régulièrement présenté jusqu r a présent dans toutes Ies
discussions psychiatriques au sujet de la question de savoir s’il
y a ou non une psychose émotive , comme s’il y a ou non une psychose
puerpérale, rhumatismale, diabétique, etc. Loin de chercher à
résoudre ce conflit, qui repose, à notre avis, sur des malentendus
terminologiques, nous nous contenteronsd*exposerlesfaitscIiniques
dans toute leur simplicité.
Faisons cependant remarquer combien plus suggestives peuvent
ètre nos observations, recueillies dans un milieu relativement
sélectionné et concernant des sujets non apparemment tarés, que
celles rapportées par la majorité des auteurs, à propos de troubles
survenus, sur un terrain Ia plupart du temps manifestement dégé**
néré, sous Finfluence d*une cause psychique assez banale. Quoique
certaines erí soient des plus intéressantes (1), ces dernières obser-
(1) Gf. par exemple : Seglas et Collin. Emotion-choc, Psychose confusionnelle
(Pr. méd., l er février 1911). — Halberstadt. Un cas depsychose dégénérative
post-émotionnelle ( Rev . de psychiairie , avril 1913).
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Origirìal frorri
UNIVERSITf OF MICHIGAN
Í4Ó
HÉVÚE DÈ PSỲCHÍATHIÈ
vations, concernant des cas d’émotions individuelles, documentent
davantage sur une question de pratique psychiatrique courante que
sur la pathogénie des vraies «psychoses émotives ».
Nous rappelons ici que cette dernière question, qui a été Tobjet
d’un très intéressant rapport de M. Dupré à la Société de Neurologie
et de Psychiatrie réunies (1), en 1909-1910, et d’une discussion à
laquelle ont pris part MM. Ballet, Glaude, etc., a été l’occasion
de travaux très nombreux, de la part du P r Régiset de ses élèves (2),
des médecins russes et des médecins militaires de la guerre russo-
japonaise (3), du D r Stierlin, en Ailemagne, et de quelques autres,
qui ont rapporté des faits intéressants empruntés à l’histoire des
récents cataclysmes de Valparaison, Ham, Courrières, Messine(4),
etc. Citons encore, chez les auteurs frangais, une belle observation
de MM. Dumas et Delmas (5) chez un sinistré du chemin de fer,'et
le travail d’ensemble tout récent de MM. Séglas et Barat (6).
(1) Du róle de rémotion dans la genèse des accidents névropathiques etpsy-
chopathiques. Soc. deneurologie , séancedu 13 janvier 1910.—Duróledel’émotion
dans les psychoses confusionnelles. Rapport de M. Dupré ( Encéphale , 10 avril
1910).
(2) Précis de psychiatrie, 5 e , 6 e , 7 e éditions. — Régis et Hesnard. Les confu-
sions mentales (Chap. vn du Traité inlern. de Psych. path. Alcan, 1911).
(3) P. Jacoby. Les victimes oubliées de la guerre moderne ( Arch. d'arith. crim.,
15 juin 1904). — M. O. Chaíkevitch. Des troubles mentauxliés à la guerre russo-
japonaise ( Soc. russe de Neurol. et de Psych ., Moscou, 26 novembre 1904). — ~
A. J. Ozeretskovsky. Des maladies mentales pendant la guerre russo-japonaise
(J. russe de méd. mil., 1905). — S. Soukhanoff. De la confusion mentale aigué
et de ses particularités chez les soldats russes, contrib. à l’étude des psychoses
provoquées par la guerre russo-japonaise (J. de Neur., 20 nov. 1906). — Jacoubo-
vitch ( J.russe de Neur. et de Psych., 4, 5, 1907. Congrès de Vienne, 1908). —
Minor. Les affections du système nerveux durant la guerre russo-japonaise.—
( Neur. Ceniralh., 16 aoút 1909). — Ermakoff. Maladies mentales pendant la
guerre russo-japonaise (J. neurop. i. psych., 1907). — Roubinovitch. Róle des
émotions dans la genèse des psychoses pendant la révolution russede 1905-1906
( Bull. méd.,2% janv. 1910).—ScHOUMKOFF.|Etat psychique des militaires pendant
le combat (St-Pétersbourg, 1909). *— Voir encore les travaux de Ibaukoff, Pau-
lovskia et Palewski, Ribakoff, Schlomovich, Hermann, Scliar, Jarochevski,
Gadziatski, etc.
(4) Stierlin. Ueber die medizinischen Folgeszuslande der Kalasirophe von
Courrières. Karger, Berlin 1909. — Provenzal. II terremoto di Messina (Bir.
psich. applic., mars-avril 1909). —Parmeggiani. A propos du tremblement de
terre de Messine (id., mars-avril 1909). — Ferrari (id.). — Leri (Soc. neurol.,
l er et 30 avril 1909). —HARTENBERG.L’étatmentaldessinistrésdeSicilefjR. méd.,
7, 23 janvier 1908). — D’Abundo. Etats névropathiques consécutifs au trem-
blement de terre de Sicile (Riv. di neurop. psich., février 1909). — Dubois.
J. de psych. norm. ei paih ., mai-juin 1911.
i (5) Dumas et Delmas. Psychose confusionnelle par émotion-choc (Soc.
Psych., 16 février 1911).
(6) Séglas et Barat. Le role de l’émotion dans le genèse des maladies mentales
(J. de psych . norm. el paih ., mars-avril 1913).
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TROUBLES NERVEUX ET PSYGHIQUES
141
Nous dirons ici quelques mots des troubles mentaux que nous avons
eu Toccasion d’observer ou qui nous ont été rapportés, à la suite
des deux grandes catastrophes maritimes de Yléna et de la Liberlé
à Toulon en 1907 et 1911. U.ne grande partie des renseignements et
observations nous ont été communiqués par notre camarade G. Lau-
rès, médecin de première classe de la marine, qui exergait les fonc-
tions de neuro-psychiàtre à Saint-Mandrier au moment de la der-
nière explosion et qui a déjà publié avec le P r Régis un cas de
confusion mentale traumatique survenu à la suite de Taccident de
Yléna (1). Le grand intérèt de ces observations est qu’elles ont été
faites —qu’ils’agisse depetits accidents névropathiques ou de trou-
bles psychiques sérieux — pour la plupart, au moins ceux que nous
détaillons un peu, chez des gens sains, bien équilibrés en appa-
rence, réalisant le minimum de prédisposition morbide; ce qui ne
saurait s’expliquer que par ce fait, que le genre spécial d’émotion
qui a donné naissance à ces troubles psychiques, émotion brusque,
intense, exceptionnelle, est bien fait pourréaliser une cause occasion -
nelle des plus puissantes de trouble cérébral. Au point de vue mili-
taire, enfin,ces troubles psychiques nous donnent une idée de ce que
seraient, au cours d’un combat naval moderne, les accidents men-
taux occasionnés par les émotions tumultueuses et déprimantes de
la guerre maritime. Ils sont en effet tout à fait comparables à cer-
tains des troubles décrits par quelques-uns des auteurs signalés plus
haut, chez les rescapés des catastrophes du Wariag , du Coréen , de
YEnissey , du Boyard , du Peiropawlowosk et du Hatsuse.
Nous décrirons la gamme des modifications psychiques relevées
au cours de notre enquète, et les diviserons, d’aprèsleurintensité et
leur importance, en petits accidents névropathiques et psychopa-
thiques, et psychoses. Nous signalerons, en les décrivant som-
mairement, ceux de ces troubles dans la genèse desquels on peut
incriminer une étiologie plurivoque et discutable, ou une étiologie
apparemment associés. Nous avons éliminé tous lescasoù l’émotion
nous semblait ètre au second rang et où la psychose nous apparaissait
ressortir d’avantage à Taction d’un agent bien défini, tels que :
la commotion cérébrale et le choc physique, l’aphyxie par les
gaz délétères, les brulures, le choc chirurgical, etc...
(1) Régis et Laurès. Cas de confusion mentale subaiguè passagère avec
hallucinations oniriques terrifiantes, à la suite de l’explosion du cuirassé «Iéna »
( Clinique , 21 juin 1907).
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142
REVUE DE PSYGHIATRIE
a ) L 2 émotion gataglysmique chez les normaux, et les petits
ACCIDENTS NÉVROPATHIQUES ET PSYCHOPATHIQUES.
Un assez grand nombre de petits faits ont été recueillis, princi-
palement chez des officiers et marins de carrière, au moment de
la Liberté , qui documentent sur le premier degré du retentisse-
ment émotif de tels cataclysmes sur le système nerveux.
Au moment de la catastrophe, qui fut soudaine et terrible,
quelques-uns agissaient, ainsi qu’ils l’ont raconté depuis, dans un
état de demi-somnambulisme, comme dominés par l’horreur de la
situation, incapables de se ressaisir, d’appliquer leur esprit à la
réalité, agissant comme des automates, soit correctement, soit
mème incorrectement: L’attention éparpillée sur une foule de déci-
sions contradictoires, refaisant Ie mème acte plusieurs fois sans
s’en apercevoir, comprenant malou pas du toutles ordres, obéissant
Me travers. Certains étaient absorbés par une préoccupation insi-
gnifiante, comme celle de sauver un vètement ou de chercher sa
casquette, alors qu’il fallait songer à sauver son existence et
celle des autres : un sous-officier, brulé et contusionné, se rappelle
brusquement qu’il a vu passer un de ses camarades, en sensinversede
Iui, qui se dirigeait vers le foyer de Texplosion, et il revient sur ses
pas, s*exposant gravement, pour demander à ce dernier un rensei-
gnement infime.Des matelots blessés, mis en sureté, ne songeaient
pas à sefaire panser. D*autres se cachaient à bord, dans des endroits
très dangereux, mais où l’obscurité et le calme relatif lesrassuraient,
comme l’autruche qui s’enfonce la tète sous le sable pour ne plus
voir son ennemi. D’autres, une fois sauvés, voulaient partir, fuir
n’importe où, et plusieurs ont avoué avoir fait une sorte de fugue
affolée jusqu’en pleine campagne, au delà de la banlieuedeToulon.
Des officiers ont pris leurs dispositions en vue de parer aux éven-
tualités les plus déraisonnables, comme celle d’attendre une explo-
sion générale de l’escadre; d’autres ont cru pendant de longues
minutes à une catastrophe d’ordre sismique. Un commandant de
navire sur rade a donné l’ordre d’allumer les feux, pensant que tous
Ies navires allaient sauter et qu’il fallait gagner le large, puis s’est
ressaisi, etc. Inutile de dire que la plupart de ces petits faits dus à
l’émotion inattendue survenant chez des gens sains et bien équili-
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TROUBLES NERVEUX ET PSYCHIQUES
143
brés sont parfaitement physiologiques, au mème titre que le réflexe
instinctif de recul devant le danger soudain.
D’autres ont dit avoir présenté une lucidité étrange, une impassi-
bilité dont ils s’étonnaient eux-mèmes; parmi ceux-là plusieurs
présentèrent les jours qui suivirent quelques petits symptòmes ner-
veux. D’autres enfin, dans une sorte de fièvre exaltée, allaient et
venaient, se multipliaient, agissaient vite et bien; mais quelques-uns
ont constaté, non sans étonnement, le calme une fois revenu, des
lacunes dans le souvenir qu l ils avaient gardé des événements,
parfois mème un voile amnésique assez complet.
Parmi les blessés, on constate chez beaucoup des effets de choc
nerveux intense, et disproportionné avec la gravité de leurs lésions
(fractures, contusions, etc.); et cela, en dehors des cas de commotion
eérébrale. Plusieurs étaient complètement prostrés, indifférents,
ou ahuris, anxieux, le pouls déprimé, présentant de Finsomnie
nocturne avec un besoin diurne invincible de sommeil, de Ia courba-
ture générale, des troubles de la diurèse.
Parmi ceux qui ont pris part aux opérations du sauvetage et
approchéles horreurs du spectacle, beaucoup ontconservé pendant
plusieurs semaines un état mental d’inquiétude morbide, avec
représentation obsédante plus ou moins intense des événements;
tressautant aumoindre bruit, prompts à l’alarme,sujetsàdes cauche-
mars terribles, pessimistes et découragés. Plusieurs sujets sont
venus consulter des médecins embarqués, à rinfirmerie, ou des
médecins consultants de Toulon pour des malaises, faits d’anxiété
diffuse, pénible, de fatigue générale, decourbaturedanslesmembres,
de cauchemars, letout accompagné de quelques petites phobies.
On nous en a signalé deux chez lesquels nous avons pu retrouver,
plusieurs semaines après, dela vivacité desréflexesrotuliens,unpouls
fréquent, des troubles vaso-moteurs, du tremblement, de rincoor-
dination vague, malgré un état de l’humeur resté ou redevenu
excellent et l’absence de toute dépression psychique. Nous avons,
par contre, soigné un second-maítre, embarqué sur un navire
présent sur rade au moment de Tévénement, qui a eonservé plu-
sieurs moisun état émotif avecphobie obsédantedes bateaux, dont
la recrudescence lui donnait de véritables attaques anxieuses avec
représentation intense (non hallucinatoire) de certains épisodes
de la catastrophe.
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144
REVUE DE PSYCHIATRIE
Uélal menìal colleclif fut intéressant à étudier, soit chez les assís-
tants, soit mème, assez longtemps après Faccident, chez des gens qui
n’avaient vu que des effets très éloignés de révénement. L’état
d’inquiétude contagieuse laissée dans les équipages et les différents
services duport, était tel que les commencements de panique ne se
comptèrent plus, dans lesquelles les hommes croyaient voir des flam-
mes sortir des soutes, sentir de la fumée suspecte, etc. Dès les
premières manifestations de l’explosion, à bord de la Liberié , à la
vue de leurs camarades brúlés surgissant des soutes, beaucoup de
matelots se jetèrent à l’eau en hurlant, ce qui était assez compréhen-
sible. Un grand nombre, d'ailleurs, se ressaisirent assez vite sous Fin-
fluence des efforts des officiers. Ge qui fut moins explicable, pour
beaucoup d’observateurs, ce fut cet état étrange de tension ner-
veuse, prète à se décharger en terreur collective, qui envahit, dans
les quelques jours qui suivirent, toute la population civile et mili-
taire de Toulon. II y eut là, pendant quelque temps, un malaise
émotif général bien fait pour vérifier les lois de Finterpsychologie
des foules (1). Et son plus bel effet fut la panique du cortège officiel
des obsèques de la Liberié , panique nullement motivée, déchaínée
subitement, entraìnant dans un désordre soudain et dans un cri
d’angoisse prolongé, militaires et civils, hommes et femmes, soldats
et gradés, comme devant un nouveau cataclysme plus terrible
encore que celui de l’explosion !
B. Les grands accidents psychopathiques.
Ces grands accidents, pour la plupart tout à fait transitoires, ne
relèvent pas tous d’une éiiologie absolument uniforme. On a incri-
miné chez quelques-uns l’action du choc physique, celui des petits
ou grands traumas craniens, lesurmenage musculaire, qui doit jouer
un certain r51e, mème chez ceux dont l’émotion-choc paraìt èt-re
la cause occasionnelle la plus intense. II se pourrait aussi que chez
quelques-uns les brulures étendues, par le mécanisme de l’autoin-
toxication, l’intoxication par les gaz suffocants (produits d’inflamma-
tion des gargousses, fumées de combustion des matières organiques
(1) Toulon était devenu, ainsi qu’on Pa écrit, « un véritable volcan artifi-
ciel aux colères toujours attendues dans une sorte de fièvre, où la torpeur se
pimente de colère» (Gité par A. Marie, in Trailè iniern . de psych. palhol .,
Tome II, p. 913).
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TROUBLES NERVEUX ET PSYCHIQUES 145
du bord,etc. (1), jouent un certain ròle. Mais chez la plupart denos
malades, aucun trouble de ce genre n’a été observé pendant les
premières heures, c’est-à-dire celles où ils ont pu s’exposer à l’action
du feu et des gaz.
Quant au genre d 'émolion qui peut ètre incriminé comme cause
principale, nous savons qu’elle a été brusque et intense, mais il est
assez difficile de l’analyser psychologiquement. Le mot de « frayeur»
n s exprime qu’imparfaitement l’onde émotive qui surgit chez nos
malades; il y eut évidemment, chez beaucoup, une peur ! intense,
semblale à celle qui naìt en face d’un danger menagant rinstinct
de conservation individuelle; mais cette peur fut vite réprimée
chez certains de ces sujets, surtout peut-ètre chez eux qui ont été le
plus malades. II y eut aussi dans leur cas d’autres émotions
plus complexes : l’émotion anxieuse collective, indéfinie, l’émotion
qu’on assiste à un accident incompréhensible et qui dépasse inten-
sément la pression habituelle. II faut mentionner les effets de répres-
sion de toutes ces émotions, le surmenage émotif des occupations
fébriles du sauvetage, l’horreur du spectacle des blessés et des
mourants, des cadavres mutilés, etc., etc.
Pour ce qui est de la question de la prédiposition psychopathique
et de son importance dans Téclosion de ces [troubles, nous la
préciserons plus loin. Chez la plupart de ceux qui présentèrent
autre chose que de petites modifications passagères et atténuées de
réquilibre nerveux ou mental, on retrouva de petits stigmates
constitutionnels. Mais chez quelques-uns ces signes manquaient ou
étaient en disproportion avec Fintensité des réactions psychiques.
II nous semble qu’on peut admettre, à ce sujet, deux catégories
de prédisposés : les grands prédisposés, dégénérés et tarés cons-
titutionnels, qui ont présenté des accidents en rapport mani-
feste avec leur prédisposition (psychoses de forme banale), et de
ces sujets nous rapprochons ceux dont les tares acquises ont créé
un terrain manifestement préparé à des accidents en rapport avec
ces tares (alcooliques chroniques ayant présenté des crises de délire
éthylique) et les petits prédisposés chez lesquels nous avons obser-
vé des troubles psychiques transitoires mais assez sérieux, dont la
(1) On a décrit une ivresse par intoxication des gaz d’explosion des obus,
produits nitrés de combustion incomplète des poudres nitrées, hydrogène et
oxyde de earbone (Trembuc).
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146
HSVUE DE PSYGHIATRIE
forme elinique rappelle étonnamment celle que revètent habituelle-
ment les psychoses aequises de nature toxi-infectieuse : la confusion
mentale. G*est à ces psychoses, survenant chez des individus réali-
sant le minimum de prédisposition, ou une prédisposition tout à
fait spéciale sans doute, comparable à celle qui favorise Féclosion
de certaines maladies somatiques, qu*il faut réserver le nom, justi-
fié à notre avis, en Tabsence d*autre appellation plus conforme à la
pathogénie, de psychoses émoiives.
Ces dernières, dont nous donnons plus loin deux beaux exemples,
dont l’un, le dernier, tout à fait caractéristique, sont survenues,
non immédiatement, mais après une période d’équilibrepsychique,
phase de méditation, ou bien plus exactement, de préparation ,
durant laquelle, très vraisemblablement, se sont constitués les pro-
cessus autotoxiques nécessaires à la production du trouble mental.
Le début, plus ou moins franc, précédé généralement de cauche-
mars, de fatigue générale, de somnolence, de paresse psychique,
a íieu dans cette phase de dépression, qui, chez tous les sujets,
succède, plus ou moins accusé, à Pexcitation première de la période
postémotive immédiate. Puis brusquement,lesgrandssymptQmes de
confusion mentale à base anxieuse, accompagnée d*onirisme
surtout nocturne, se dessinent. Tout rentre dans Fordre au bout
d’une semaine ou deux, laissant une asthénie assez prolongée de la
convalescence. Happelons ici que, pour Stiehlin et pour les médecins
de Messine (1), cette asthénie peut s’accompagner, chez certains,
d’affaiblissement intellectuel léger, mais définitif, sorte de débilité
mentale atténuée, acquise, ce qui est important à retenir au point de
vue médico-légal militaire. Nous n’avons rien observé de semblable,
et il est probable que ce reliquat fácheux ne doit ètre possible.
qu’à lasuite depsychoses prolongées en rapport avec un épuisement
nerveux et une dénutrition générale, comme chez les rescapés des
grandes catastrophes terrestres.
Nous donnons ici la description très résumée des cas,très divers,
qui nous ont été signalés (une douzaine en tout). Sur les cinq cas
que nous avons retenus au moment de la Liberté , unseul est un
type achevé de psychose émotive. II est probable qu*étant donné le
(1) Stierlin. Loc. cil. - — Mondio. Les psychoses rencontrées dans les désastres
de Messine ( Ann . du manicome de Messine , 1912), Voir aussi les travaux de
Abondo, C . et P. Lombroso, Ferri.
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TftOUBLES NERVEUX ET PSYCHIQUES
147
nombre relativement restreint des rescapés, lesquels d*ailleurs ne
furent pas atteints par rémotion sous sonaspect le plus impression-
nant, la mort a du ravir bien des cas à Fobservation psychiatrique.
I. On nous a signalé, au moment de la « Liberté» principalement,
quelques syndromes à ieinìe mélancolique. Ges syndromes, qui ont tous
guéri, sont tous survenus chez des sujets dont les antécédents étaient
assez lourdement tarés(éthylismefamilial avecquelques tares vésani-
ques). Deuxmémeétaient suspects de débilitémentale. Maisnous devons
dire que rien n’autorisait à penser qu’ils dussent forcément délirer sous
l’influence d’une émotion, mème violente, de la vie courante. De plus,
leurs syndromes n’étaient pas faitsde dépressionmélancoliquevulgaire.
Ils étaient tous teintés de fatigue cérébrale, d’obtusion, d’hébétude,
de troubles de l’orientation, de dysmnésie, de délire nocturne au cours
duquel les malades revoyaient les scènes du cataclysme ou se croyaient
blessés. Ils réalisaient des associations « confuso-mélancoliques » ana-
logues à celles décrites par le P r Régis, chez des gens prédisposés aux
troubles vésaniques et soumis à une intoxication surajoutée. On ne put
retrouver dans leurs antécédents la notion d’accès antérieurs bien
définis.
II. Deux observations nous ont été communiquéesde psychose alcoo -
lique chez des rescapés. L’un, de « l’Iéna », présentait ce fait intéres-
sant que, petit éthylique chronique, il n’avait encore présenté que de
petits accidents (cauchemars, zoopsie nocturne, neurasthénie). Les
jours ayant précédé l’accident, il n’avait fait aucun excès, et il délira le
soir mème, n’ayant pris qu’un verre de vin deux heures après l’acci-
dent, à la fin des opérations de sauvetage auxquelles il avait pris part
de fagon active. II présenta alors un délire terrifiant classique, légè-
rement trémulant, sans fièvre. II sortit de son rève délirant quelques
jours après et présenta — fait à retenir — durant sa convalescence, de
la douleur à la pression des masses musculaires, de la faiblesse des
membres inférieurs, des crampes (dont il n’avait jamais souffert aupa-
ravant) attribuables à un peu de polynévrite apparue en mème temps
que le délire.
L’autre, de la «Liberté», était alcoolique invétéré. Pris d’une frayeur
intense au moment de l’explosion, il avait absorbé une assez grande
quantité d’alcool et réalisa un délire « a potu nimio ». II présentait
des signes d’imprégnation éthylique chronique accentuée et des trou-
bles viscéraux. II a été réformé depuis pour alcoolisme chronique. Les
troubles nerveux avaient subi une recrudescence depuis l’accident.
III. Nous avons eu entre les mains l’observation détaillée d’un
sous-officier, à anlécédenls névropaihiques légers, qui, au moment de
i’« Iéna », fut pris, dans les jours qui suivirent l’accident, d’onirisme
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148
ÍIEVUE DE PSYCHIATRÍE
nocturne anxieux. Le jour, il était assez calme et lucide, ne présen-
tant aucune réaction illogique ou anormale. II semble pourtant que, à
une certaine période, il ait présenté des troubles psychiques (diffi-
culté de fixer l’attention, mauvaise orientation, erreurs de reconnais-
sance des lieux et des personnes) dont il guérit. Embarqué quelques
mois après sur un bateau en station lointaine, il présenta à plusieurs
reprises des accès de frayeur nocturne, parfois mème diurne, au cours
desquels il perdait conscience de l’entourage et du milieu, au point
de se précipiter sur le pont au moindre bruit en criant: « Au secours !
sauve qui peut; nous sautons ! » ressentant ainsi Témotion primitive
dans une revivescence hallucinaloire. On dut l’exempter quelque temps
de service, le débarquer, car il était un vrai danger moral pour l’équi-
page, et poser mème la question de réforme. II présentait à ce moment
quelques crises légères hystéroldes. II fut très amélioré par le change-
ment de milieu et serait. actuellement guéri.
IV. Lors de 1’« Iéna » et de la « Liberté », plusieurs hommes, blessés
à la tète ou atteints de commoiion cérébrale (plus ou moins démontrée),
ont présenté des signes de torpeur psychique ou de délire, non en rap-
port avec le tableau clinique habituel de la commotion cérébrale, et
nettement influencés par l’émotion de l’accident. Le cas le plus inté-
ressant fut celui d’un officier, qui, à la suite de la « Liberté », atteint
à ia tète, présenta pendant quelquetemps, à Saint-Mandrier, un état
très marqué de confusion menìale aslhénique avec inquiétudeetcauche-
mars. Facies pàle, fatigué, inquiet, interrogateur. Etat anxieux.
Désorientation complète au moins les premiers jours. (Ne savait pas
qu’il était à l’hòpital, oubliait qu’il y était alors qu’il venait d’en con-
venir ou de l’apprendre. II se croyait à bord de la « Liberté », ou d’un
bateau sur rade, ou à terre dans tel ou tel endroit.) Manifestait une
grande terreur devant ceux qui entraient dans sa ehambre, les recon-
naissait pour des personnages ayant joué un ròle dans l’accident.
Voyant, un jour, entrer un médecin en ehef de la marine, en uniforme
il le prit pour le commandant de la «Liberté »et lui manifesta la crainte
de se voir mis en accusation à propos de la catastrophe. — Troubles
nets de l’évocation, paresse dans la coordination des idées qui se ne
suivent pas très bien et manquent souvent de lien logique. — Trouble
du sens de la durée et de l’heure. Amnésie de fixation. — Cet état
d’obtusion psychique avec état crépusculaire, se dissipa en quelques
semaines, laissant une fatigue cérébrale, des maux de tète, avec am-
nésie presque totale de l’épisode psychopathique.
V. Confusion meniale iransiloire à forme déliranìe el anxieuse à la
suiie de Vexplosion de V « Iéna »(1). Nous rappelons en quelques mots
i’observation déjà publiée par Laurès.— X..., 32 ans, quartier-maítre.
(1) Régis et Laurès. Loc . cii.
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ÝHOUBLES NERVEtJX ÈÌ ESYCHIQUÈS
Í4á
Un frère aliéné pendant deux ans. — A pris part avec lucidité aux
mouvements du sauvetage, puis quittant le bord avec précipitation,
•fait une chute sur la tète, puis sur le ventre (sans gravité). II gagne
le fond du bassin où est échoué 1’« Iéna », remonte, et est alors pris
d’une perte de connaissance, dont il sort incomplètement. A l’arrivée
à l’hópital, quelques secousses convulsives. Le soir tout se calme, et
au bout de quatre jours, ne conservant qu’un peu d’amnésie crépus-
culaire de l’accident, ils sort guéri, malgré quelques cauchemars et
de la somnolence. La nuit qui suit sa sortie, il est pris d’hallucina-
tions oniriques terrifiantes, et le lendemain il est en pleine confusion
mentale, qui dure quatre jours, et dont il sort en quelques journées.
A la guérison, cette fois complète, les urines augmentent de volume (de
1.000 à 1.700 emc).
VI. Confusion meniale Iransiloire à forme asihénique avec élaianxieux
ei onirisme nociurne, à la suiie de Vexplosion de la « Li5eríé» (très résu-
mée).
Touss..., Louis,29 ans, gabier brevetéde la «Gloire», bateau présent
sur rade au moment de la catastrophe. Entré au service d’observa-
tion neuro-psychiatrique de Saint-Mandrier, le 3 octobre, et sorti le
19 octobre 1911. Aucun antécédent névropathique ou psychopathique
familial connu. Frères et soeurs en excellente santé. G’est un très bon
marin, qui a d’excellents états de service et était bien noté à bord.
Assez instruit pour sa profession, d’excellent caractère, l’humeur tou-
jours égale. Bons instincts, discipliné, naturellement gaí. Aucune mala-
die antérieure digne d’ètre notée. Pas d’intoxication ni d’éthylisme.
Constitution physique robuste.
Au moment de l’accident, il fut désigné pour armer une chaloupe
de sauvetage. II s’approcha, avec son embarcation, de la « Liberté »,
pour prendre part au sauvetage, quelque temps après les premières
explosions. Au moment où il arrivait, pour se rendre utile, la grande
explpsion se produit. II est alors violemment projeté à la mer avec
l’équipage de la chaloupe, ne perd pas connaissance, ne respire pour
ainsi dire pas du tout de gaz toxique. II nage, retrouve son embarca-
tion intacte, s’y hisse seul, puis, resté calme, s’approche, dans le désar-
roi et l’affolement général, tente de rétablir l’ordre autour de lui. II
sauve mème plusieurs camarades en passe de se noyer, manceuvre,
rallie les autres embarcations avec une lucidité parfaite. Peu de temps
après, il est rappelé à son bord, retourne à la « Gloire », et là, il est
pris assez subitement d’une anxiéìé difficile à dominer. Tremblant,
vibrant de la tète aux pieds et ne tenant pas en place, la moindre lu-
mière lui fait peur, il sursaute lorsqu’on remue ou qu’on fait tomber
quelque chose auprès de lui; il s’effraye d’entendre craquer une allu-
mette ou de voir fumer une cheminée de canot. Néanmoins il continue
à faire son service, paraít normal aux gradés. La nuit, on remarque
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REVUE PE PSYCHIATRIE
qu’il est agité, qu’il se réveille en sursaut, qu’il ne peut dormir à son
poste ce qu’il va coucher sur le pont. Plusieurs fois on l’a vu courir
affolé au milieu d’un cauchemar.
Le matin, il est fatigué, désorienté. II peut cependant vaquer à ses
occupations pendant le jour qui suit. II reste dans cet état de lucidité
relative durant quatre jours. Puis les symptòmes cérébraux aug-.
mentent au point que le médecin, prévenu, le dirige sur l’hòpital. A
partir de ce moment commence une lacune dans ses souvenirs. II se sou-.
vint plus tard, à Phòpital, seulement de quelques détails (comme de
s’étre plaint de la tète à Pinfirmerie, et d’avoir vu, à Pinfirmerie, le
commandant du bord, venu pour lui parler).
A Phòpital, il est complètement désorienté, répond à peine aux
questions, garde longtemps la méme position (assis, la tète penchée,
ou un objet dans les mains sans songer à le poser à còté de lui). Paraít
ahuri, hébété. Pas de négativisme. Bradypsychie. Un peu de sugges-
tibilité motrice. II somnole pendant la journée; le soir s’endort diffi-
cilement, se réveille en sursaut, ou se lève, en proie au délire somnam-
bulique . II dit, en quelques phrases entrecoupées, embarrassées, qu’il
ne veut plus voir la mer ni les navires, qu’il a peur, qu’il ne sait pas ce
qui se passe. — II traverse alors une période de confusion mentale
asìhènique d’une durée d’une dizaine de jours environ, dont il sort
progressivement. Les urines, très diminuées au début de son séjour
à l’hòpital, contenaient une dose diminuée d’urée et très diminuée
de chlorures. A la fin de la maladie, elles àugmentèrent en quelques
jours, dépassèrent de beaucoup la normale, en mème temps qu’à
cette débàcle urinaire correspondait une débácle de chlorures. — Con-
valescence un peu pénible. Guérison complète au bout de trois mois,
qui s’est maintenue parfaitement depuis.
Ces observations, qui confirment les faits déjà connus, n’ont
d’original que leur étiologie occasionnelle. Elles s’ajoutent à la
liste des psychoses confusionnelles publiées par les auteurs cités
plus haut. La dernière frappe surtout en ce que la psychose sur-
vient chez un sujet nullement taré, au moins en apparence. La
confusion mentale se développe après une période de calme. Elle
s*accompagne d’une rétention urinaire et chlorurée sans signe de
lésion rénale, et c’est là un symptòme auquel, à la suite de notre
maìtre le P r Régis, nous attachons la plus grande importance. Elle
évolue comme une psychose transitoire causée par une intoxica-
tion. Et ceci nous amène à nous demander quelle pathogénie on
peut imaginer en pareil cas.
II n*y a pas d^intoxication apparente, comme dans les autres cas
(alcoolisme, épuisement) cités par les auteurs, ni mème d’intoxica-
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TROUBLES NERVEUX ET PSYCHIQÙES 151
tion latente décelable par un examen minutieux (diabète, artério-
sclérose avec lésions des émonctoires, troubles hépatiques, etc.).
Pouvons-nous nous permettre d’imaginer que rémotion-choc
intense peut, à elle seule, libérer, dans certains organismes jus-
qu*alors sains, desperturbationsnutritives, des cytotoxines capables
d*agir sur le cerveau en déterminant un syndrome psychique, et
de se localiser de fagon variable sur telle ou telle région du
système nerveux suivant les diathèses individuelles?
On pourrait admettre une certaine fragilité native ou acquise du
tissu cérébral, analogue à la fragilité nerveuse qui favorise, chez les
gens en apparence sains, réclosion des polynévrites — dont on
a décrit précisément des exemples survenus après de violentes
émotions (Dupré, Lancereaux et Pierret, P r Janet, Dufour) (1) —.
Quant aux cyto-toxines elles-mèmes, elles seraient, soit primitives
et dues à des troubles spéciaux, encore inconnus, du métabolisme
cellulaire général (toxémie émotive de Bernheim) (2); soit secon-
daires, mises en liberté dans Torganisme à la suite d’une inhibition
émotive d’organes comme le foie, les reins, etc.joud^uneperturbation
deFéquiIibre endocrinique (3), consécutive à des modifications inner-
vatoires du grand sympathique, ainsi que quelques théories récentes
pourraient le faire supposer (4).
(1) Cf. La discussion du Rapport de Dupré à la Soc. de Neurologie.
(2) Bernheim. Des myélites et névrites émotivès ( Bull . méd., l er mai 1912).
(3) Rémond et Sauvage. Emotion et Endocrines (Soc. de Psych., 20 février 1913).
(4) Cette question des troubles psychiques des catastrophes maritimes a été
exposée oralement par l’auteur au Congrès des aliénistes et neurologistes du
Puy (aoflt 1913), au cours d’une communication sur « L’expertise psychiatrique
dans la marine». A la discussion*qui a suivi cette communication ont pris part
MM, Dupré, Lépine et Régis.
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LES < GRISES » DES DÉMENTS PRÉCOCES
Par MM.
Halberstadt et Legrand
médec i n-ad jo ìnl i niern e
à l'Asile de Saini-VenanU
La démence précoce, ainsi que le constatent tous les auteurs qui
s’en sont occupés, peut donner lieu à des crises de formes diverses.
Ayant eu l’occasion de suivre une malade chez laquelle ces phéno-
mènes avaient apparu avec une intensité insolite, nous ne croyons
pas inutile de revenir sur cette question et de l’étudier à la lumière
de quelques travaux récents.
Bleuler distingue quatre catégories d’attaques : les syncopes, qui
ne nous paraissent pas présenter un intérét particulier, les crises
hystériformes, épileptiformes et apoplectiformes, ces dernières fort
rares, ainsi que le constatait déjà M lle Pascal dans sa revue géné-
rale de 1906. Deny (1911) mentionne, en plus, des vertiges —dont
on trouvera une bonne description chez Tomaschny, — mais
qu’il ne faut pas, croyons-nous, considérer comme des phéno-
mènes pouvant apparaitre isolément. II en est de méme, à notre
avis, des accès passagers d’aphasie. Les auteurs signalent égale-
ment la possibilité de tétanie (Trepsat, M lle Pascal).
Nous nous arrèterons sur les crises hystériformes et épilepti-
formes, et plus particulièrement sur ces dernières.
Les crises hystériformes ne sont pas rares au début de la démence
précoce. L’un de nous a déjà insisté, en 1910, sur ce fait, et a rappelé
plusieurs travaux qui s’occupaient de ce point. Depuis, est venue
la thèse de Guierre, inspirée par Régis, et qui précise les points
délicats de diagnostic entre la démence précoce au début et l’hys-
térie. Retenons, pour ce qui concerne les crises, ces lignes : « Les
crises convulsives du dément précoce n’ont généralement pas les
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LES CRISES DES DÉMENTS PRÉCOGES
153
caractères des crises typiques de I’hystérique, crises qui ne par-
viennent à leur forme classique qu’à la suite d’uiie longue hétéro et
autoéducation. » Certains auteurs pensent que Thystérie peut se
combiner avec la démence précoce. Tout dernièrement encore,
Kreuser publiait un travail où cette combinaison était envisagée
sous ses deux formes : a) une hébéphrénie survient chez une personne
qui déjà est hystérique; b) un trouble hystérique se trouve déclanché
par l’hébéphrénie. Rappelons qu’il faut étre très circonspect avant
d’admettre une réunion, chez le mème sujet, de deux maladies dif-
férentes. La chose est certes possible, mais rare, et Colin, dans sa
thèse,ne cite qu’un seul cas d’hystérie s’étant terminé par la dé-
mence(l).On peut se demander s’il ne s’agit pas souvent d’erreurs
de diagnostic : d’une part, en effet, l’hystérie — Babinski l’a bien
montré — n’est pas aussi fréquente qu’on le croyait jadis, et
d’autre part, la démence précoce demande, pour ètre affirmée, un
ensemble symptomatique précis qui, dans beaucoup d’observations,
fait défaut.
Les attaques épileptiformes s’observent assez couramment et
peuvent se présenter sous des aspects cliniques variables. Bleuler fait
remarquer que souvent de tels malades sont pris pour des épilep-
tiques véritables, avant que n’apparaissent les troubles mentaux
propres à la démence précoce. Nous nous demandons si l’analogie
est réellement aussi grande que le disent les auteurs et si la vérité
n’est pas plutòt dans l’opinion de Hufler qui parle d’attaques« sui
generis », présentant un tableau symptomatique spécial. Voici,
sommairement, comment il les décrit : il y a d’abord une phase
d’excitation généralelégère,à laquelle fait suite l’attaques elle-mème
cáractérisée par un état de somnolence avec convulsions cloniques ou
toniques; les globes oculaires sont tournés en haut, la tète est
inclinée en avant, il y a des mouvements toniques des membres
supérieurs, ou bien des mouvements cloniques des bras et du tronc;
la face et souvent aussi le thorax sont rouges, la région buccale et
les pieds sont souvent páles; après cinq à dix minutes, l’accès cesse
et le réveil se fait rapidement.A còté de ces attaques, il y aurait,
d’après Hufler, de véritables équivalents : sensitifs (douleurs pa-
roxystiques dans différentes régions), vaso-moteurs, moteurs. Ce sont
(1) Colin. Essai sur l’état mental des hystépiques. — Thèse de Paris. 1890,
p. 253.
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154 REVUE DE PSYCHIATRIE
les équivalents moteurs qui sont les plus intéressants; ils se mani-
festent par des secousses museulaires et } en général, par des troubles
d’innervation dans des régions limitées des bras, de la face, de la
langue. Mentionnons aussi, d’après Kraepelin, l’existence de parésies
ou de contractures localisées.
Les crises épileptiformes s’observent surtout au début de la psy-
chose. Mais ce n’est pas toujours le cas, et on peut mème les rencon-
trer dans la période terminale. Elles sont généralement bénignes,
et nous n’avons trouvé que deux cas de mort consécutive à une
attaque. Le premier est celui de Tetzner : il s’agissait d’une femme
de 32 ans,malade depuis plusieurs années, qui eut, pendant les der-
niers jours, plus de cent attaques épileptiformes. Le second cas est
du à G. Dreyfus. Le sujet, ágé également de 32 ans, mourut après
un ictus apoplectiforme, accompagné d’hémiplégie droite et de
convulsions localisées surtout à la région faciale (autopsie : oedème
cérébral aigu).
II n’est pas rare de constater, chez le mème malade, des phéno-
mènes hystéroides et épileptoides. Kraepelin, Pfòrtner admettent
cette possibilité. Parfois un ictus convulsif est suivi d’aphasie; un cas
de ce genre a été publié par M lle Pascal et Nadal. Ce qui en revanche
soulève plus de discussions, c’est la coexistence de la démence pré-
coce et du mal comitial vrai. Certains auteurs admettent faeilement
cet.te combinaison de deux psychoses différentes; signalons une
observation de ce genre publiée par Nouét et Trepsat. Régis men-
tionne, chez les épileptiques, parmi les « psychoses indépendantes
des accès », la démence précoce. Mais d’autres auteurs ne par-
tagent pas cette manière de voir. Bleuler dit n’avoir vu aucun cas
de coexistence non douteux. Gurewitsch se rattache à la mème opi-
nion, et rappelle notamment que des symptòmes catatoniques ont
été décrits dans l’épilepsie.
Nous allons donner maintenant notre observation personnelle.
M Ue S..., née en mai 1875, entrée à l’asile de Saint-Venant en mai
1912.
Antécédenìs hérédilaires . — Un oncle est mort dans un asile d’alié-
nés. Une cousine a été internée. La maladea unfrèreet une sceur bien
portants; elle a eu une sceur morte de tuberculose (?),^une autre,
morte également, était épileptique. Les parents sont morts; ils n’é-
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LES CRISES DES DÉMENTS PRÉCOCES
155
taient ni « nerveux » ni aliénés, notons toutefois que le père était
alcoolique et la mère diabétique.
Anlécédenls personnels. — Bien portante jusqu’à l’àge de 16 ans.
A été à l’école où ne se distinguait en rien des autres élèves. La malade,
qui appartient à une famille de petite bourgeoisie de province, a regu
une assez bonne instruction; elle joue bien du piano, et donnait par-
fois des legons de musique dans la petite ville qu’elle habite. Etait
toujours docile et normale; ne présentait aucune trace de déséqui-
libre mental. A 16 ans, S... commence à avoir des « crises nerveuses ».
Celles-ci surviennent tous les 2 à 8 jours environ, mais pendant une
période qui généralement n’excède pas trois mois par an, de préfé-
rence les mois de mai, juin et juillet. Le reste du temps, l’état est par-
faitement satisfaisant. Au contraire, pendant le trimestre où il y a
des crises, le sujet garde la maison, ne peut s’occuper, est en somme
dans un état de diminution psychique; à cette époque, S..., bien enten-
du, interrompt aussi ses leQons. Pour ce qui est des crises, nous en
donnons plus loin la description. La famille est d’accord pour déclater
que la malade pressentait l’apparition de la crise et n’avait pas d’am-
nésie consécutive. La santé physique a toujours été bonne; la mens-
truation, rógulière. Notons que S... a toujours été sujette à de fortes
céphalées.
Débui. — Jlisqu’en avril 1912, S... n’a jamais présenté aucun phéno-
mène vésanique. A cette époque, elle avait éprouvé une forte émotion (?),
pour une cause futile. Rapidement se développe un délire intense,
avec agitation et anxiété. Tantòt disait qu’elle était l’Antéchrist,
tantòt que les « socialistes » de la localité allaient la bruler, qu’elie
n’était du reste plus qu’un « mannequin ». On notait également l’exis-
tence d’un délire hypocondriaque (corruption d’organes) et d’idées
de suicide. G’est dans ces conditions que l’internement a lieu.
Séiour à Vasile. — La maiade entré à l’asiie dans un état de forte
agitation. Elle crie, essaie de sortir du lit où nous l’avons fait coucher
dès son entrée, se livre à des actes de violence. Ses propos dénotent
un délire très actif. On veut l’empoisonner, on veut la « pourrir », puis
la jeter dans les champs. Elle est ici« par la faute de la franc-maQOn-
nerie ». Quelques idées de satisfaction coexistent avec le délire de persé-
qution : « j’étais l’orgueil de ma famille », dit-elle. L’homme qui l’a
amenée à Saint-Venant n’est pas son frère, c’est « l’ombre » de celui-
ci; les personnes qui l’entourent sont« en carton ». II y a des troubles
de la sensibilité générale : on lui«tire tout du corps ». Désorientation,
surtout dans le temps, mais pas très accusée. Parfois pleure et se
lamente et manifeste des craintes sans objet. Négativisme. Gestes
stéréotypás : met continuellement son doigt dans la bouche, s’écor-
che la peau, etc.
La santé physique est bonne; il n’y a pas de troubles somatiques.
On ne constate pas destigmates de dégénérescence. — Pour donner une
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REVUE DE PSYCHIATRIE
idée nette de révolution de la psychose, nous ne saurions mieux faire
actuellement que de suivre Tordre chronologique.
4 Juin 1912 — Les idées de Ipersécution persistent. On a « tiré un
plan » contre elle. On met partout « de l’acide », et on veut.la tuer.
«Je suis tombée dans vos griffes... je n’ai plus de place dans la société ».
Ouelques idées de culpabilité (légères). Désire redevenir jeune pour
recommencer son existence. Idées de négation. Agitation violente,
avec parfois de l’anxiété; est sujette à des accès de colère, ayant un
caractère impulsif et aveugle. Menstruation depuis le l er juin.
14 Juin 1912. — Est plus calme depuis quelques jours (au point de
vue moteur). Pleure. S’imagine que le bain contient du « vitriol » et
refuse d’y entrer.
l er Juillei 1912. — Reste persécutée et mélancolique.« On m’a brulé
la matrice et les ovaires... Mon chien est plus heureux que moi, il ne
boit pas du vitriol, mais de l’eau. J’aurais dú me noyer ». II y a un
certain degré de désorientation, l’excitation intellectuelle persiste. —
A été réglée une fois depuis son entrée.
13 Juillei 1912.— Très anxieuse. Ne dort qu’avec du véronal. On
peut dire, malgré cela, qu’elle est plus calme qu’il y a quelques mois.
S’écorche continuellement les bras. Ni idées de culpabilité, ni idées
d’auto-accusation. On va la jeter dans une chaudière pleine de « vitriol
bouillant ».
Idées de transformation, particulièrement intenses. « Je n’ai plus
la mème figure qu’autrefois. Je suis devenue toute changée, toute
noire... Gelui qui m’a amenée ici n’est pas mon vrai frère. C^’est un
mannequin, c’est une ombre... Personne ne vit plus ici ».
19 Juillel 1912. — Persistance de ces memes idées.« J’ai eu un faux
frère et une fausse soeur. Ils m’ont donné de faux médicaments. Ma
figure est toute noire, je sms gàtée. La glace (on met devant-elle une
glace pour la convaincre) n’est pas une vraie glace... J’étais dans une
maison de carton ».
22 Juillei 1912. — Nous assistons à une crise nerveuse. A eu plu-
sieurs crises en juin, et quelques-unes en juillet. Le jour de la crise r
demande d’avance à rester couchée ; se sent fatiguée; se plaint de
maux de tète; pressent l’arrivée de la crise. Pas de gátisme, pas
d’incontinence d’urine, pas d’amnésie consécutive. — La crise débute
aujourd’hui vers 10 h. 1 /2 du matin. Gommence par crier qu’elle a
mal, mais ne dit pas où. Devient rouge. Pleure. On l’étend sur une
banquette. Alors ont lieu, sans aucune période de rigidité, des convul-
sions généralisées (rien à la face). Secousses rythmiques, d’abord assez
amples, mais diminuant ensuite d’amplitude et d’intensité. Pas
d’arc de cercle, pas d’attitudes passionnelles. Un peu contracturée
sur le còté droit (légère courbe à concavité droite). Paumes des mains
tournées en dehors ; le pouce libre. Nous n’avons noté rien d’anormal
du còté des yeux; pasde morsure de la langue. Répète toujourspen-
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LES CRISES DES DÉMENTS PRÉCOCES
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dant la crise ses lamentations mélancoliques habituelles : « On m’a
gátée, je suis noire, ah ! si j’avais su... » Durée : 1 /2 heure environ.
Puis, cessation brusque. Pendant toute la crise, il n’y a pas eu de
perte de connaissance. Gonsécutivement à la crise, il n’y a pas eu de
phase de fatigue.
16 Aouì 1912. — Le 15, dernier jour de sa période menstruelle, a eu,
dans la matinée, une crise convulsive violente. Les secousses étaient
particulièrement fortes.
Sepiernbre 1912. — En aout, les crises ont été fortes et fréquentes.
En septembre, elles deviennent plus rares; en a une à la fin de ce mois.
7 Oclobre 1912. — Amélioration, peut-ètre plus apparente que réelle.
depuis qu’elle sait que sa famille veut la reprendre. Réticente ; cache
son délire (en partie seulement). S’efforce de rester calme.
8 Oclobre 1912. — Les idées délirantes persistent, mais l’anxiété
paraít avoir diminué. Dit qu’elle est devenue à l’asile « noire et mala-
de »: « On m’a bien arrangée ici»... Très bien orientée. Joue du piano
(bonne technique, semble-t-il). Sait faire des travaux manuels. —
Manifeste de vagues idées de grandeur : à cause de ses éminentes
qualités, « les socialistes » lui en veulent et la « jetteront dans les
ordures ».
21 Ociobre 1912. — Dans le courant de ce mois, est reprise par sa
famille. Mais le lendemain de sa sortie a recommencé, chez elle, à ètre
excitée. L’internement est de nouveau jugé nécessaire, et la malade
nous est ramenée aujourd’hui, dans un état de forte agitation.
31 Ociobre 1912. — ídées d’indignité. A cause d’elle, il y a des«dégàts»
partout. On l’a rendue malade et dangereuse pour les autres. Lamen-
tations continuelles. Excitation. « II n’y a plus rien qui existe. Les
médecins ne sont pas de vrais rnédecins. Les religieuses sont des man-
nequins. On ne m’a pas reconnue à la maison, tellement j’ai été chan-
gée. » Quelques gestes stéréotypés de légère automutiìation (se pince
les joues, se fait des égratigiiures, etc.).
14 Novembre 1912.— «11 n’y a plus deposte, plus dechemins de fer,
les lettres n’arrivent plus. La lettre de mon frère est d’une écriture
imitée... Je suis pire que malheureuse. »Estbeaucoup plus agitée qu’a-
vant sa sortie d’octobre. Les crises ont complètement disparu.
18 Novembre 1912. — Etat mélancolique aigu, encore plus accentué
que précédemment. Parfois se déshabille complètement. Est quelque-
fois gàteuse.
10 Décembre 1912. — Dit que son corps a été changé, il n’est plus
le mème qu’au moment de son arrivée ici; affirme ne plus avoir honte
de rien. Parfois, fausses reconnaissances. Est absolument inactive.
7 Janvier 1913. — Parfois rit de son propre malheur. A eu une crise
le 5, et une autre le 6. N’a pas eu de convulsions, mais est simplement
restée inerte et sans connaissance pendant quelques insants. Pressen-
tait l’arrivée des crises.
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31 Mai 1913. — Pas de crises. Existence d’un délire très riche. Oń
lui donne du poison, on la met dans des bains pleins de vitrioì. « Je
prends du poison depuis onze mois. » Lamentations continuelles.
Stéréotypies. Inactivité.
Novembre 1913. — A la fin du mois de septembre, a eu une crise,
sur laquelle nous n’avons pu avoir que peu de renseignements précis.
En novembre, nouvelle crise, mais sans convulsions(mèmes car.actères
que les crises du 5 et du 6 janvier ), d’une durée d’environ 15 minutes.
— Au point de vue mental, il y a une tendance de plus en plus marquée
vers l’affaiblissement intellectuel. La malade est apathique, et les
gémissements qu’elle pousse prennent un caractère stéréotypé. Les
idées délirantes restent toujours les mèmes. Estsujette à des impul-
sions d’une extrème violence. Ne s’occupe presque plus. — Depuis
quelques mois, devient obèse. Pas gáteuse, mais tenue malpropre et
négligée. Menstruation normale. Pas de troubles pupillaires. Réflec-
tivité et sensibilité normales.
Résumons notre observation. Une jeune fille, normale jusque-là,
mais ayant de lourdes tares héréditaires,présente, de 16 à 32 ans,des
crises convulsives, sans aucun phénomène délirant. Ces crises ne
s’observent qu’au cours de quelques mois chaque année; le reste
du temps, M lle S... continue ses occupations et ne manifeste pas
de symptòmes morbides. Puis, brusquement, à 32 ans, survient un
délire de persécution, avec anxiété, idées de négation, d’empoison-
nement, etc. L’internement a lieu, et depuis dix-huit mois que
nous l’observons nous constatons que le délire tend à se stéréotyper
et que des signes d’affaiblissement intellectuel apparaissent. En
mème temps, les crises nerveuses deviennent plus rares et moins
marquées. Les caractères principaux des attaques sont consignés
à la date du 22 juillet 1912.
Oue faut-il penser en présence de ce cas? L’épilepsie peut
ètre éliminée par ce fait que les crises n’ont aucun des signes
distinctifs des crises comitiales : ni inconscience, ni amnésie, ni
troubles sphinctériens, ni morsure de la langue. Quelque large
que soit la conception de l’épilepsie que l’on adopte, on ne peut
maintenir ici ce diagnostic. Faut-il parler d’hystérie? Nous avons vu
combien on doit ètre prudent pour ce diagnostic. Ici, les phénomènes
de pithiatisme manquent complètement, la mythomanie si fré-
quente chez les hystériques fait également défaut. Le délire. ne rap-
pelle,par ses caractères, en rien celui des hystériques, où domine
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LES CRISES DES DÉMENTS PRÉCOCES
159
Pélément onirique et confusionnel et qui aboutit si rarement à la
démence confirmée. Le diagnostic de démence précoce auquel on
est obligé de s’arrètér, se trouve corroboré par Fimpulsivité, Faffai-
blissement progressif des facultés intellectuelles, la tendance du
délire à se stéréotyper. Faisons enfin remarquer que notre cas se
distingue par deux particularités intéressantes à noter : la longue
durée de la période prémonitoire et le fait que la psychose a été
caractérisée,une fois déclarée,par un délire de nature uniquement dé~
pressive sans troubles sensoriels appréciables.
Ouelles conclusions est~on en droit de tirer de notre étude? Nous
n’avons pas voulu soulever la question de la pathogénie des crises
des déments précoces. On s’accorde généralement à leur attribuer
une origine autotoxique, et cette hypothèse nous paraít très plau-
sible. Mais on a également mis en avant les troubles circulatoires, et
nous avons vu plus haut que dans un cas on a constaté à Pautopsie
de Toedème cérébral. II faut reconnaitre que ce processus est pos-
sible. Ghez notre malade, les crises s’accompagnaient d’une colora-
tion rouge du visage, et nous savons d’autre part que des troubles
vasomoteurs paroxystiques ont été signalés chez ces malades.
Pour ce qui est de la physionomie clinique des attaques elles-mèmes,
nous pensons que plus on ira plus on reconnaìtra qu’elles présentent
des caractères particuliers et qu’il est peut-ètre rationnel de ne les
assimiler ni à l’hystérie ni à l’épilepsie. En fait, les déments précoces
sont sujets à des crises diverses, convulsives ou non,etqui dépendent
de la démence précoce elle-mème; il faut donc s’habituer à les com-
prendre parmi les signes de cette maladie. Ces accès apparaissent
de préférence au début de la psychose, et précèdent parfois de plu-
sieurs années l’éclosion des troubles mentaux. En général espacées
et bénignes, les crises peuvent ètre, exceptionnellement, rappro-
chées et, dans certains cas, avoir des conséquences graves.
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NOTE SUR
L'EMPLOI D'UN YOMITIF DANS LA PROPHYLAXIE
ET
LE TRAITEMENT DES AGGÈS PÉRIODIQUES
Par MM.
T. Bonhomme, médecin 'en chef de VAsile de Montreson (Le Puy ).
J. Bonhomme, médecin de VAsile de Marsens
(canlon de Fribourg-Suisse).
La méthode thérapeutique que nous proposons n’est pas absolu-
ment nouvelle, car, depuis longtemps déjà, devant rinefficacité ou
les dangers des hypnotiques, les psychiátres ont eu recours à d’au-
tres moyens pour calmer l’agitation. Mais, jusqu’à présent, c’était
à la purgation administrée, soit au début d’une crise maniaque,
soit plusieurs jours de suite, qu’on avait demandé le calme bienfai-
sant. Cette question a été étudiée dans son ensemble dans le rapport
de M. Trénel (1) avec une ampleur qui nous évitera d’y revenir;
nous regrettons toutefois qu’il ait si peu parlé des moyens diététi-
ques. Hamel (2), dans sa thèse, ne parle que du purgatif, non du
vomitif.
C’est rempirisme qui a amené l’un de nous à user de l’émétique;
nous l’avons depuis employé très souvent; c’est ce qui nous autorise
à publier ici, avec le mode d’emploi, les résultats de cette théra-
peutique.
Comme pour la paralysie générale, l’inefficacité quasi absolue
des agents, thérapeutiques usuels nous autorisait à essayer toute
(1) Trénel. Congrès de Bruxelles, 1913.
(2) Hamel. Essai critique d’une thérapeutique de l’agitation et de rinsom-
nie. Thèse, Nancy, 1909.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
médicatiòn inoffensive. Nous employons donc un vomitif à for-
mule suivante, l’ancien éméto-cathartique :
Tartre stibié. 0 gr. 05
Ipéca pulv. •... 1 gr.
Eau . 40 gr.
qu ? on peut édulcorer par un sirop. A prendre en trois cuillerées à
soupe à 10 minutes d'intervalle, avec, si le malade l’accepte, une
assez grande quantité d’eau.
Les conditions les meilleures.presque idéales, de l’emploi decette
méthode sont, lorsqu’on connaít le malade, Tapparition des pre-
miers signes, des prodromes d’agitation : malaises, céphalées et
surtout du signal-symptòme. Les infirmières et infirmiers,par leurs
observations précises et répétées, sont à ce point de vue des auxi-
liairesprécieux;carl’agitationne débute jamais brusquement comme
le disent les familles des malades; il suffit d’étre averti pour aperce-
voir ces modifications du caractère, de l’activité, de l’habitus exté-
rieur, signes avant-coureurs de l’orage.
Les effets ne se font naturellement pas attendre : des vomisse-
ments énergiques suivis d’évacuations intestinales prouvent l’ébran-
lement du tube digestif et, de l’importance mème de ces effets, on
peut tirer quelques indications pronostiques : plus l’effet aura été
complet, plus sera durable l’accalmie. Si le vomitif a été administré
trop tard,la crise étant déjà commencée,les effets seront atténués
mais les résultats aussi. Nous n’avons jamais observé de suites fá-
cheuses; la fatigue résultant de ces évacuations est peu considéra-
ble; les malades la supportent bien et l’état général, dans les jours
qui suivent, est toujours excellent.
Dans les cas heureux, nous avons eu des résultats très encoura-
geants. La crise peut avorter complètement. Depuis quatre mois,
l’un de nous maintient une malade en excellent état malgré que deux
fois le signal-symptòme ait apparu de fagon très nette : l’émétique,
à chaque fois, désorganise la crise. Quelquefois, l’accès peut ètre
retardé de plusieurs semaines. Dans les cas de psychoses périodi-
ques à périodes rares, nous avons obtenu la disparition complète
d’un accès, rendant ainsi la période calme longue (cinq mois).
L’indication primordiale de cette thérapeutique est la crise
maniaque franche; c’est dans ce cas qu’elle donne les meilleurs
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EMPLOI d’un vomitif dans les accès péhiodiques 163
résultats et que, à notre avis, on devrait toujours Femployer. La
stupeur maniaque bénéficie aussi, dans une mesure bien moindre,
du vomitif. Dans les cas de mélancolie anxieuse, rinefficacité nous
a paru complète ainsi que dans les cas de manie symptomatique
(paralysie générale, épilepsie).
II est cependant un autre cas auquel nous avons appliqué notre
méthode : c’est la confusion mentale primitive. Malheureusement
notre èxpérience est trop récente pour que nous puissions en tirer
des conclusions légitimes; mais, dans deux cas, nous avons obtenu
une très réelle amélioration; le retour à la conscience nous a paru
beaucoup aidé par le vomitif.
Pouvons-nous hasarder une explication pathogénique? Nous ne
le ferons que timidement, car, dans l’ignorance totale où nous som-
mes de rorigine de la crise maniaque, toute hypothèse est sujette à
caution. Cependant on ne peut nier la désintoxication produite par
le vomìtif et l’excitation de toutes les réactions de défenses, antixé-
niques, comme dit le professeur Grasset, de l’organisme. C’est ce qui
qui nous a amenés à appliquer cette thérapeutique à la confusion
mentale, dans laquelle les signes d’intoxication sont si nets, comme
Tont démontré de nombreux auteurs. Nous croyons cependant qu’il
y a autre chose dans le complexus qui déchaìne la crise et, malgré
Taccusation d’animisme à laquelle nous nous exposons,nous avons
Pimpression d’une désorganisation, d’une détente nerveuse qui
évite l’accès (1).
Mais les hypothèses importent peu; comme médecins, nous nous
sommes souvent réjouis d’avoir ou évité, ou retardé un phénomène
si pénible pour tous : malade, entourage, aliéniste.
(1) M. Lagriffe a bien voulu nous rappeler qu’il avait autrefois étudié, avec
M. le professeur Maurel (de Toulouse) l’action de l’émétique (C. R. Sociétéde
Biologie, 12 octobre 1901, 19 octobre, 23 novembre, 21 décembre 1901-11 jan-
vier 1902). Dans ces recherches, l’action anesthésique, décongestive et calmante
du chlorhydrate d’émétine sur la fibre lisse avait été démontrée qui permet évi-
demment d’entrevoir l’action de ce médicament à condition néanmoins que la
similitude d’action de rémétine et de l’émétique soit reconnue.
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NOUYELLES
De la nécessité de l’examen médical des officiers supérieurs
et généraux avant leur envoi aux colonies.
Dans le joumal La Meuse, le médecin principal de l re classe
Toussaint a rappelé que chez les Anglais un examen médical, subi
avant chaque départ pour les colonies, et concluant aux garanties
d’une bonne santé, est, de par le règlement, imposé aux soldats, à
tous les officiers et aux fonctionnaires civils, quel que soitleur grade.
En France, non seulement aucun fonctionnaire civil, mais pas un
seul officier supérieur ou général n’y est astreint; il est réservé aux
soldats et aux officiers subalternes.
Aussi le D r Toussaint demande avec raison que Fexamen médical
avant le départ colonial soit étendu aux officiers supérieurs et mème
aux généraux et, à l’appui de sa proposition, il donne les deux exem-
ples trop suggestifs que voici :
« De ce fait, pour ne rappeler que l’exemple, que j’ai vu et vécu au
Tonkin, la déficience morbide de deux commandants de colonne n’a
pas été mise à temps en relief. Tous deux impulsifs, atteints d’hallu-
cinations, dromomanes; l’un, par une marche en avant, malgré l’état
d’armistice qu’il connaissait; l’autre, par une retraite prématurée,
précipitée et incompréhensible ont provoquéles inoubliables paniques
et désastres de Bac Lé et de Lang-Son. »
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REVUE DES SOGIETES
SOGIÉTÉ DE PSYCHIATRIE
Séarice du 18 décembre 1913.
Etude anatomo-clinique d’une démente précoce syphili-
tique. — MM. Laignel-Lavastine et André Barbé rapportent
l’observation très complète et intéressante d’une syphilitique de trente-
sept ans qu’on prit d’abord pour une paralytique générale, dont l’état
démentiel resta stationnaire pendant près de neuf ans, et à l’autopsie
de laquelle on trouva, non des lésions de méningo-encéphaiite dif-
fuse, mais une encéphalo pathie atrophique neuro-épithéliale, avec
altérations glandulaires marquées au niveau des glandes pinéale,
pituitaire et parathyroides. L’évolution clinique et les lésions obser-
vées dans ce cas semblent devoir ressortir à la démence précoce, alors
que le signe d’Argyll et la réaction méningée constatés au début auto-
risent à penser que la syphilis ne fut pas étrangère à tous les proces-
sus mordides.
Peut ètre conviendrait-il d’attribuer un certain nombre de soi-
disant paralysies générales prolongées à des états pathologiques
analogues.
M. Claude fait observer qu’il peut exister des lésions méningées
chez les déments précoces et que, dans le cas présent, on pourrait
Ieur reconnaitre une double pathogénie puisqu’il s’agit d’une syphili-
tique.
M. Marchand rapproche ce fait anatomo-clinique de ceux observés
et décrits par lui sous le nom de démences précoces acquises dont le
début, marqué par des troubles confusionnels de cause nettement
toxi-infectieuse, s’oppose à l’éclosion moins brutale des démences
précoces constitutionnelles survenant sans cause apparente immédiate
chez des sujets à hérédité plus chargée.
Un cas d’hallucinose (hallucinations visuelles et auditi-
ves sans idées délirantes. — M. Roger Dupouy rapporte
l’observation d’un malade, à hérédité psychopathique assez chargée,
de caractère impressionnable, scrupuleux et taciturne, qui, à l’àge
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REVUB DE PSYCHIATRIE
de 20 ans, deux ou trois mois après sa réceplion à un concours, res-
sentit assez brusquement, sans raison apparente, une impression
générale d’épuisement et d’abattement, en mème temps qu’il accu-
sait des iroubles perceptifs exclusivemení visuels , d’abord simplement
illusionnels puis franchement ballucinatoires, qui disparurent au bout
d’un ou deux mois. II put ensuite reprendre ses occupations et son
travail sans troubles notables jusqu’il y a dix-neuí mois. A ce moment
reparaissent des hallucinations visuelles analogues à celles du pre-
mier accès, et bientòt il s’y ajoute des hallucinations auditives et
psycho-motrices, diversement localisées, dissociées ou combinées
entre elles, mais généralement sans suite ni lien, libres de toute inter-
prétation délirante, dépourvues de systématisation, et sans rapport
avec les préoccupations ou tendances actuelles du malade ; ce dernier,
d’ailleurs, ne réagit aucunement vis-à-vis de ses hallucinations, et
se contente de les noter en demandant qu’ontáche del’en débarrasser.
II s’agit bien d’un cas type d’hallucinose qui ne semble guère devoir
s’engager dans une voie délirante, mais sur l’avenir mental duquel
on pcut faire quelques réserves, en raison d’un certain degré de passi-
vité qui, en s’aggravant, pourrait rendre le malade complètement
inapte au travail.
Etat hallucinatolre avec exacerbations périodiques sympto-
matiques d’une hypertension intracranienne. — M. Claude
raconte le cas très curieux d’un homme de 53 ans, aveugle depuis
dix ans, sourd depuis cinq ans, et considéré à tort, jusqu’il y a deux
ans comme atteint de tabes sensoriel, qui présente de temps en temps, *
depuis 1911, des crises d’hallucinations visuelles et surtout audi-
tives.
Ces épisodes hallucinatoires semblent ètre en rapport avec une exci-
tation des centres nerveux sensoriels par hypertension intracranienne
intermittente (peut-ètre secondaire elle-mème à une ancienne épen-
dymite hydrocéphalique), puisqu’ils sont ordinairement très apaisés
par des ponctions lombaires répétées, Malgré sa cécité et sa surdité
qui l’isolent presque totalement du monde extérieur et ie privent 4u
contròle de ses sensations, ce malade n’a jamais cédé à une inter-
prétation délirante de ses hallucinations, et il a toujours eu consciencc
de leur caraetère morbide. II est vrai qu’il s’agit d’un homme intelli-
gent, remarquabiement actif et ordonné, malgré ses infirmités; et
il est permis de penser qu’entre les états hallucinatoires sans délire
et les états délirants hallucinatoires, il n’y a peut-ètre de diftéremce
que dans la qualité inégale des aptitudes critiques du sujet et de ses
facultés de contròìe.
M. Léri fait remarquer qu’il doit exister des relations importantes,
peut-ètre essentielles, entre les troubles organiques sensoriels et les
hallucinations conseientes du sens correspondant. II rappelle un cas
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REVUE DES SOCIÉTÉS
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personnel où des hallucinations visuelles se développèrent à la faveur
d’un tabes amaurotique.
IJn cerveau d’idiot épìleptique microcéphale. — MM. Jacouin
et L. Marchand. — Un enfant àl’áge d’un an est atteint de convulsions
suivies d’hémiplégie gauche. Des erises nettement épileptiques sur-
viennent à l’áge de 4 ans et ne cessent plus dans la suite. Absence
de développement intellectuel; instabilité motrice ; surdité prononcée;
microcéphalie; état paréto-spasmodique nettement prédominant
à gauche ; gàtisme; en résumé, tous les signes classiques des encépha-
lopathies infantiles : idiotie, épilepsie, troubles paréto-spasmodiques.
Get enfant meurt par tuberculose pulmonaire et intestinale à 10 ans
et demi. Son autopsie révèle des lésions cérébrales très profondes et
intéressantes. Le poids total du cerveau est de 630 grammes. L’arrèt
de déVeloppement porte avant tout sur l’hémisphère droit qui ne pèse
que 225 grammes; on note l’agénésie complète du lobe temporal
droit, remplacé par une poche pseudo-kystique dont les limites per-
mettent de supposer qu’elle résulte d’une artérite oblitérante surve-
nue à un an, lors des premiers accidents convulsifs. Les autres lobes
de l’hémisphère droit sont très réduits. Le lobe temporal gauche est
atrophié; mais on ne trouve à ce niveau aucune lésion localisée; les
circonvolutions sont petites et ratatinées.
II est vraisemblable que la surdité du sujet était d’origine centrale
et due aux lésions symétriques des lobes temporaux.
S’il est difficile de préciser l’étiologie de ces lésions, il faut sans doute
faire état de l’hérédo-tuberculose paternelle, cause de moindre résis-
tance aux infections du jeune áge.
Stéréotypies, inertie systématique, perte des notions de
temps, consécutives à ime crise d’alcoolisme aigu. — M. Henri
Wallon présente une femme de 62 ans, fille d’une mère dipsomane,
alcooiique elle-mème, syphilitique et épileptique, internée voici bien-
tòt treize ans, à la suite de nombreuses aventures et de nombreux
excès, pour une crise d’alcoolisme aigu, et qui présente depuis lors
un état mental assez particulier. Etiquetée démente, par plusieurs
alién stes, cette malade présente bien des stéréotypies d’attitudes et
de mouvements, une certain degré de passivité, d’incuriosité, d’inertie,
une perte presque absolue des notions de temps ou mème de lieu;
mais elle garde la faculté d’acquérir des souvenirs, ainsi que l’inté-
grité de son raisonnement et de ses connaissánces pratiques ; ses
réponses sont faites avec réflexion et l’attention se lit sur son visage.
Ajoutons qu’elle présente un certain degré de négativisme, et que,
dans ses récits, elle substitue à son existence réelle, une existence aux
conditions toutes fictives, faisant ainsi, N plus ou moins volontaire-
ment, un véritabie délire de suppositions.
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REVUE DE PSYGHIATRIE
L’auteur ne croit pas que celte malade puisse étre intitulée démente,
et cherche à interpréter l’état mental complexe qu’elle présente, le
rapportant à la fois aux prédispositions du sujet, àl’accès confusionnel
alcoolique du début, et à l’internement.
M. Ballet rappelle qu’à eòté des démences, totales ou généralisées,
il existe des démences partielles ou localisées auxquelles se rattache-
rait l’état mental ci-dessus, dont l’étiologie pourrait fixer, avec plus
de précision, la place dans le cadre nosologique.
Troubles mentaux développés à l’occasion dela grossesse. —
M. A. Boutet. — Présentation de «deux jeunes femmeschez lesquelles
les troubles mentaux de teinte mélancolique sont apparus dès les
premiers jours de la grossesse, ont évolué parallèiement à celle-ci,
marqué immédiatement après l’accouchement une courte période
de rémission, puis ont reparu de nouveau. L’une d’entre elles est
à l’heure actuelle fortement améliorée, l’autre est encore en pleine
évolution ». En raison de l’hérédité et des antécédents plutòt chargés
de ees deux malades, l’auteur se demande si leurs troubles mentaux,
en apparence si intimement liés à l’évolution de la grossesse, ne sont
pas les manifestations d’une psychose dont l’état puerpéral n’aurait
été que la cause occasionnelle.
Psycbose hallucinatoire et imaginative à longue évolution
sans réaction notable. —MM. Collin, Terrien et Vinchon. — II
s’agit d’une malade qui a présenté, pendant vingt ans, un délire de
persécution et de grandeur, mal systématisé, construit à l’aide d’un
processus interprétato-imaginatif et qui n’a entraíné aucune réac-
tion notable.
Elle se prétendait issue d’une grande famille, mais elle n’a jamais
réclamé ses droits. Elle a désigné ses persécuteurs sans tenter de les
poursuivre. Pour expliquer cette contradiction, onne peutinvoquer ni
la débilité de la malade, ni le caractère du délire, car tout l’appareil
fantastique de ce dernier était nettement dirigé contre elle et ses
idées de grandeur étaient bien affirmées. Peut-ètre faut-il faire inter-
venir les tendances bienveillantes de la malade qui pardonnait volon-
tiers à ses ennemis, et qui cherchait toujours l’explication la plus
favorable à son prochain.
Histoire clinique d’une méningite suppurée. — MM. Devaux
et Barat.— Ils’agit d’un jeune hommede25ans,héréditairementtaré,
qui présenta d’abord une affection aigué à forme méningitique, puis
des troubles mentaux qui finirent par guérir. Après quatre ans d’une
vie normale, le sujet subit un traumatisme de la tète ; il tombe dans
la torpeur, et meurt en deux jours.
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A l’autopsie, on trouve, sur une partie de l’hémisphòre droit, une
collection sous-dure-mérienne de pus crémeux; partout, mème à
gauche, sont disséminées des plaques de méningite chronique.
D’après les auteurs, il s’agit d’une affection diffuse et aiguè à son
début qui, secondairement, s’est circonscrite et est devenue chronique.
A cette période elle est restée latente au point que le sujet a repris sa
vie normale pendant au moins quatre ans. Sous Finfluence d’un trau-
matisme, le microbe, qui existait encore dans l’abcès et avait disparu
des autres régions, aurait repris sa virulence sans franchir les barrières
que lui opposaient les adhérences méningées. La mort ne serait donc
pas due à une généralisation microbienne ; elle s’explique par un méca-
nisme analogue à celui d’une intoxication, par unerésorption massive
des toxines contenues dans l’abcès.
Quant aux rapports des troubles mentaux avec les lésions encépha-
liques, si on ne peut évidemment négliger le ròle déterminant de ces
dernières, la forme et l’orientation générale du délire semblent bien
relever avant tout de la constitution psychopathique du sujet.
Paralysie générale juvénile avec autopsie. — MM. Laignel-
Lavastine et Jagquin. — II s’agitd’uncasdeparalysie générale ayant
débuté à dix-huit ans chez une jeune fille hérédo-syphilitique morte
à 20 ans et demi.
Dans leur ensemble, les lésions répondent aux symptòmes. La pré-
sence du signe de Babinski bilatéral s’explique parfaitement par les
lésions des faisceaux pyramidaux croisés, de mème que la fréquence
des crises épileptiformes par l’intervention des lésions inflammatoi-
res méningo-conjonctivo-vasculaires dans les lobules paracentraux.
Quant aux lésions chromatolytiques des cellules nerveuses du ren-
flement lombaire, elles sontsans doute, comme le nombre relativement
élevé des polynucléaires trouvés dans la dernière ponction lombaire,
en rapport avec lcs escarres sacrées. Cependant, l’infection fut légère,
car elle ne détermina^pas de méningitc purulente.
Séance du 15 janvier 1914.
Examen du fonds mental dans les démences. — MM. Gilbert
.Ballet et G. Genil-Perrin insistent sur l’importance primordiale
de l’examen méthodiquedu fonds mentaldans l’étude des démences,
et proposent pour cet examen une méthode mixte, basée à la fois sur
l’observation et l’expérience, mais en réalité beaucoup moins expéri-
mentale que clinique. Adoptant un classement tout empirique et pro-
visoire des principales fonctions mentales en : affectivité* attention,
mémoire, association des idées et jugement, activité générale, les
auteurs montrent comment l’on peut explorer simultanément ou
successivement les divers éléments de ces processus psychiques dans leur
activité tant spontanée que provoquée. Sans vouloir en rien prétendre
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aux préeisions de la psychophysique, inapplicable en fait aux aliénés,
MM. Gilbert-Ballet et Genil-Perrin ont essayé de traduire en une
représentation graphique chiffrée les résultats de leurs examens, et
ils présentent une série de tableaux ou schémas coloriés où chacune
des principales fonctions psychiques, cotée de 0 à 5 à la fagon d’une
composition scolaire, se trouve représentée par une bande coiorée
d’autant plus étendueque cette fonclion s’est montrée moins affaiblie
ou diminuée à l’examen clinique.
Ainsi pourrait-on espérer, par des examens successifs chez un mème
malade, schématiser et mieux préciser les étapes évolutives de la dé-
mence ; — d’autre part, la comparaison des schémas relevés sur divers
types de déments faciliterait la différenciation clinique et la classifica-
tion psychologique des maladies mentales. L’onne saurait, en tout état
de cause, refuser à cette méthode une valeur didactique indéniable.
M. Bupré signale deux lacunes intéressantes : cette méthode ne
íait pas la distinction entre ce qui est originel et ce qui est acquis;
de plus, elle ne semble pas tenir compte de l’affaiblissement du sens
moral chez les déments.
Pour M. Gilbert-Ballet, la moralité ne serait pas une fonction
psychique auionome, mais la résultante d’aulres íonctions telles que
la mémoire, le jugement et l’affectivité.
Psendo-surdité verbale pure cbez un halluciné de l’ouie. —
MM. A. Geillier et Th. Alajouanine. — Les auteurs, qui ont étudié
les rapports de l’aphasie sensorielle avec l’aliénation mentale, ont
montré que ceux-ci pouvaient ètre de trois sortes : 1° un aphasique
sensoriel est pris pour un aliéné; 2° un aliéné est pris pour un apha-
sique sensoriel; 3° l’aliénation mentale et l’aphasie sensorielle
coexistent. Or, MM. Ceillier et Alajouanine les auteurs viennent d’ob-
server un cas qui ne peutétre rangé dans aucune de ces trois catégories.
II s’agit d’un sujet chez qui on relève l’existence d’hallucinations
de l’ouie et de la sensibilité générale avec idées de persécution et de
possession, et qui, de plus, présente un syndrome de surdité verbale pure
assez particulier. Les auteurs donnent I’observation détaillée de leur
maìade et discutent les causes possibies du syndrome surdité verbale
pure. De toutes celles qu’ils examinent (causes auriculaires, cérébrales,
psychiques), aucune ne paraìt ètre à elle seule suffisante pour expli-
quer ce cas de pseudo-surdité verbale pure. Cependant, si aucune n’est
suffisante, presque toutes agissent dans le mème sens et constituent
un obstacle à l’audition verbale. Les troubles auriculaires jouent cer-
tainement un ròle à cet égard, d’abord par la diminution de l’acuité
auditive, ensuite par l’existence de bruits subjectifs (bourdonnements,
sifflements). Les hallucinations agissent de la mème manière que les
bruils subjectifs, et aussi en attirant l’attention du malade sur elles-
mèmes. L’attention du malade est souvent détournée, non seulement
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par ìes hallucinations, mais encore par ses méditations sur ses idées
délirantes.—11 faut ajouter à ces causes principales (troubles auricu-
laires, hallucinations, défaut d’attention), comme élément accessoire
possible, des xnodifications circulatoires de l’encéphale. Gette com-
plexité dans les causes explique l’évolution très capricieuse de ce cas
de pseudo-surdité verbale pure, les différents éléments pathogéniques
pouvant se combiner diversement.
MM. G. Ballet et Vurpas pensent qu’il faut étre très réservé sur
l’interprétation de ces troubles, car il est difficile d’analyser ce qui
revient à la surdité sensorielle et à la surdité verbale.
Troubles mentaux cbez une femme au cinquième mois de
la grossesse. — M. A. Boutet présente une femme àgée de 25 ans,
enceinte de six mois, internée depuis un mois environ. Gette malade
possède actuellement les symptòmes d’une mélancolique probable-
nient intermittente; d’autre part, il est très vraisemblable qu’elle a,
au moins à un certain moment, présenté des symptòmes confusionnels ;
or, si l’on peut rapprocher dans un rapport de cause à effet la puerpé-
ralité de la confusion mentale, il est bien vraisemblable que, dans les
cas de psychose intermíttente, la puerpéralité ne joue qu’un ròle res-
treint de cause occasionnelle. II semblerait y avoir là une dualité ;
celle-ci, cependant, serait plus apparente que réelle, car il existe des
faits dans lesquels les accès de psychose intermittente, lorsqu’ils sur-
viennent à l’occasion de la puerpéralité, débutent par des symptòmes
confusionnels.
Séance du 19 février 1914.
Démence épileptique à forme de paralysie géuérale et para-
lysie générale cbez un épileptique. — MM. Maillard et Ala-
jouanine présentent deux malades dont l’un, M..„ épileptique depuis
quinze ans, est atteint de paralysie générale avérée depuis environ
deux ans; dont l’autre, L..„ dément épileptique, réalise un syndrome
pseudo-paralytique. — Ghez L..„ cette apparence tient surtout à
l’euphorie du malade, ear les caractères de l’affaiblissement intellec-
tuel sont ceux de la démence épileptique et non de la paralysie générale
Alors que chez M..„ le dément paralytique, on trouve tous les éléments
caractéristiques de la paralysie générale, ce qui domine chez L...,
c’est surtout un grand ralentissement des processus psychiques avec
un gros trouble de l’attention; ce sont là deux particularités de Xa
démence épileptique
Ge malade présente aussi une persévération psychique et motrice
qui n’est pas rare chez les déments épileptiques et qui les fait ressem-
bler, quand ils sont jeunes, à des déments précoces.
Son embarras de la parole est assez différent de la trémulation du
premier malade; ici, c’est une hésitation qui le fait s’embrouiller ou
s’arréter au milieu d’un mot ou d’une phrase ; il y a chez lui, comme
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chez un certain nombre de déments épileptiques, une véritabie impos-
siblité à terminer les mots ou les phrases.
En somme, les traits de la démence épileptique se retrouvent assez
aisément sous l’apparence de paralysie générale.
L’aspect de paralysie générale qu’offre parfois la démence épilep-
tique n’est qu’un vernis qui s’efface souvent assez vite ; plusieurs dé-
ments épileptiques du service de M. Vurpas, signalés il y a quelque
temps comme présentant cette apparence, n’ont aujourd’hui plus rien
del’aspect paralytique.
Paralysie g'énérale ayant débuté par des hallucinations
psychomotrices verbales obsédantes avec tendance au suicide.
*— MM. Borel et Geillier. — II s’agit d’un malade ancien alcoolique,
ancien syphilitique, dont les réactions anormales ont débuté par un
vol absurde et qui est entré à l’asile à la suite d’une tentative de sui-
cide. Gette tentative fut faite sous l’empire d’obsessions impulsives
revètant la forme d’hallucinations psycho-mòtrices verbales et s’ac-
compagnant, lors des paroxysmes obsédants, d’idées secondaires de
possession. Dans l’intervalle de ces paroxysmes, le malade paraissait
normal. Ultérieurement s’est constitué un état de dépression mélanco-
lique avec ralentissement psychique, aboulie, idées délirantes d’auto-
accusation, anxiété par intervalles. Cet état finit par évoluer vers
l’affaiblissement intellectuel en méme temps qu’apparaissaient les
signes physiques d’une paralysie générale.
On se trouve ici en face d’un problème diagnostique. Les signes
physiques, le résultat de la ponction lombaire font immédiatement
penser à la paralysie générale et ce diagnostic est rendu plus vraisem-
blable par le vol absurde qui a marqué le début des troubles psychi-
ques, par les idées incohérentes et mobiles de négation que le malade
présente actuellement.
Mais, si l’affaiblissement intellectuel parait probable, il ne s^agit
pas de démence globale ; les fonctions mnésiques, trois ans après le
début de l’affecion, sont relativement très peu touchées ; l’état men-
tal du malade rappelle plutòt celui de la démence précoce. On pour-
rait penser à une coexistence de démence précoce et de méningite chro-
nique syphilitique.
S’il s’agit pourtant de paralysie générale, comme il est probable, le
début tout à fait anormal de ce!le-ci est particulièrement intéressant.
Le phénomène qui a ouvert la scène est conslitué par des hallucina-
tions psycho-molrices verbales. Des hallucinations de ce genre ont
été observées, au cours de la paralysie générale, à une période tar-
dive toutefois, tandis qu’ici<on les írouve dès le début. De plus, ces
hallucinations n’onL pas apparu au cours d’un délire, et elles se sont
présentées sous le jour très spécial des hallucinations obsédantes.
Les hallucinations du malade avaient, en effet, tous les caractères de
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robsession : irrésistibilité, angoisse, lutte accompagnée de phénomènes
émotifs, soulagement consécutif à l’acte imposé. Les hallucinations
de ce genre constituaient, au début, l’unique symptòme morbide et
quand elles disparaissaient le malade devenait tout à fait normal.
Ges obsessions impulsives, notamment l’obsession du suicide,
étaient apparues chez un malade qui, jusque-là, n’avait présenté
aucun des troubles attachés à la dégénérescence mentale ou à la psy-
chasthénie. Elles sont exceptionnelles dans la paralysie générale.
Quant aux idées de possession, d’ailleursassezfrustes, elles ont ac-
compagné, dès le début, les hailucinations psycho-motrices verbales.
Leur existence était une indication touchant Tévolution démentielle
que devait prendre ultérieurement 3a maladie.
Réponse à une question posée par M. le ministre de l’Inté-
rieur à roccasion du projet de réforme de la loi de 1838.— A
propos du projet de loi sur ie régime des aliénés actuellement en dis-
cussion devant le Sénat, ie ministre de l’Intérieur demande à la Société
de Psychiatrie«de lui apporter son concours pour lui permettre d’indi-
quer au Sénat, lors de la seconde lecture du projet modifiant la loi du
30 juin 1838, quel est le sens respectif des expresions affection men-
iale et aliénation mentale , et à quelìes maladies bien définies l’une ou
l’autre se rapporte, car si la portée de ces mots n’était pas nettement
précisée et délimitée, des abus seraient à rcdouter ».
Après une discussion très courtoise à laquelle prennent part MM. Gil-
bert-Ballet, Dupré, Sollier, Arnaud, Antheaume, Dupouy, Delmas,
la Société adopte le texte de réponse proposé par M. le professeur
G. Ballet, et dont voici les conclusions :
1 ° Le mot affection mentale esí un terme général servaní à dési -
gner toutes les variélés de troubles meniaux ;
2° Parmi les affeclions meniales , les unes demandent exclusivemeni
des soins el pour les indigenls des mesures d'assisiance analogues à celles
que regoivent les malades dans les hópiiaux ordinaires ; les auires néces-
siienì en outre des mesures de proleciion légale par suiíe des réaclions
que présentent les malades (réaciions dangereuses pour les auires ou pour
Vordre public, éiat proiesiaiaire) ou aussi par suiie de Vincapaciié
où se trouvenl ceux qui en soní aíteinis , d'excercer les acíes de gérance de
leurs biens si ces acies ne peuvenì èìre accomplis dans des condiiions
de garaniie suffisante par d'autres personnes que celles adminislrali-
vement ou judiciairemeni désignées. Ce sont ces dernières qui corres-
pondení aux étais diìs d'aliénation menlale.
F. Usse.
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174 REVUE DE PSYCHIATRIE
SOGIÉTÉ DE MÉDECINE MENTALE
Sèance du 16 mars 1914.
L’aliénation mentale ahez les employés de chemins de fer. —
M. Pactet présente un malade, employé de l’une des grandes Compa-
gnies de chemins defer, qui est entré dans son service à la suitede ten-
tatives de suicide accomplies sous Pinfluence d’un délire mélancoliqúe.
Cet agent, qui avait été bloqueur pendant quatre ans, présentait,
au cours de la dernière année où il occupa cet emploi, l’état mental
si bien décrit par Lasègue sous le nom de mélancolie perplexe. II
était constamment assailli de scrupules au sujet de son service, se
demandant sans cesse s’il n’aurait pas du arrèter un train au lieu de
lui donner la voie libre, ou inversement.
Promu ensuite à la fonction d’aiguilleur, il fut pris, à la suite d’une
réprimande d’un de ses chefs, de délire mélancolique avec idées de
persécution, de culpabilité et de suicide.
II n’en continua pas moins son service encore pendant plus de six
semaines,jusqu’au jour où une tentative de suicide qu’il fit à son domi-
cile, en se tranchant la gorge avecun rasoir, l’obligea àFinterrompre.
Lesréactionsauxquellesce malade était exposé, du fait deson délire y
constituaient un danger permanent pour la sécurité des voyageurs,
soit qu’il se suicidàt dans sa cabine d’aiguilleur, soit que, ses idées^de
culpabilité le poussant à accomplir des actes répréhensibles — ainsi
qu’ille faisait souvent dans le service —* il perturbàt la circulation du
train et occasionnàt un accident, pour s’attirer le chàtiment, qu’il
croyait avoir mérité.
MM. Dabout, Truelle, Briand, Vigouroux présentent diverses
observations.
M. Henri Colin saisit l’occasion que lui offre le cas présenté par
M. Pactet pour montrer l’inanité des distinctions qu’on a proposé
d’établir dans la loi nouvelle, à la Société Médico-psychologique et
ailleurs, entre les malades dangereux seulement pour eux-mèmes et
ìes malades dangereux pour les autres.
Voici un homme qui se montre à nous comme un mélancolique,
scrupuleux à l’excès, poursuivi par la crainte de faire mal à son
prochain. Sous l’influence de ses idées délirantes, i! fait des tenta-
tives de suicide. A le considérer au simple point de vue cliniqup,
c’est un type d’aliéné dangereux seulement pour lui-mème.
Mais, si l’on se place au point de vue social, il nous apparaìt, en
raison de la fonction qu’il occupe, comme le plus dangereux des alié-
nés, puisque, étant en plein délire, il tient dans sa main la vie de cen-
taines de personnes.
M.le professeur Régis. —M. Pactet lit, au nom deM. leprofesseur
Régis, une note sur l’aliénation chez les mécaniciens et chauffeurs
des Compagnies de chemins de fer. M. Régis rapporte quatre obser-
(Voir la suile après le bulleiin mensuel.)
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REVUE DES SOGIÉTÉS
175
vations d’agents des Gompagnies qu’il fut appelé à examiner à l’occa-
sion d’accidents survenus dans le service et qui étaient la conséquence
des troubles mentaux dont ils étaient atteints. Dans deux cas, il
s’agissait de paralysie générale; dans le troisième, d’un délire hallu-
cinatoire; dans le quatrième, de troubles cérébraux avec étourdis-
sements et vertiges imputables à la présclérose de l’áge critique chez
l’homme.
Enfin, une cinquième observation a trait à un pilote paralytique
général.
M. Régis pense qu’il conviendrait de placer les médecins des
Gompagnies de chemins de fer dans la catégorie des médecins qui
devraient posséder une connaissance suffisante des maladies mentales
et le prouver au moment de leur nomination.
Gonfusion mentale avec crises convulsives. — M. Gapgras
montre une malade qui, à35 ans, n’a jamaiseude crises convulsives.
A Ia suite d’hémorragies de la délivrance, avec aménorrhée persis-
tante depuis lors, elle présente une diminution progressive de la
mémoire et de l’apathie. Au bout de deux ans, survient un état de
confusion mentale avec désorientation complète, délire onirique pro-
fessionnel, agnosie, aphasie et apraxie idéatoire, dysarthrie. Depuis
six mois sont survenues des crises convulsives peu fréquentes, et, dans
l’intervalle des crises, de nombreuses secousses myocloniques. Diminu-
tion de la force musculaire, troubles de I’équilibre, marehe légère-
ment ébrieuse. Pas de troubles des réflexes ni de la sensibilité. Pas de
troubles oculaires. Pas de lymphocytose. Wassermann négatif.
Urines normales. Pas de vomissements ni de céphalée. II s’agit d’une
épileptique symptomatique vraisemblablement d’une lésion céré-
brale dont il serait prématuré de préciser la localisation.
Accès confusionnel chez une femme épileptique. — MM. Le-
roy et Beaudoin présentent une femme de 49 ans qui, depuis l’áge de
42 ans, est sujette à des crises comitiales, grands accès et vertiges. A
la suite de plusieurs crises atténuées, cette malade a euunaccèsdélirant
confusionnel, dont le contenu, d’après les renseignements obtenus et
lessouvenirs de la malade, apparait comme fait d’idées de persécution.
En l’absence des symptòmes extra-comitiaux, les auteurs portent
le diagnostic d’épilepsie essentielle à forme tardive, après avoir fait
remarquer la difficulté du diagnostic au moment de l’accès délirant.
Elections. — Prix. — M. le professeur Régis, professeur de
clinique des maladies mentales à la Facultés de Bordeaux, est nommé
membre correspondant.
M. Marie lit un rapport au nom de la Commission du prix Decaze :
« Organisation des services ouverts pour les délirants hors l’asile ».
Le prix est attribué à M. le D r Bourilhet, médecin-adjoint de l’asile
de Moulins. J. Grinon.
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REVUE DES PÉRIODIQUES
FRANGE
Encéphale , novembre 1913.
En quoi consistent réellement les plxénomènes de la cécité
psychique, par Serge Davidenkoff. — Gurieuse analyse d’un cas de
cécité psychique chez une démente, où se plagant à la fois au point de
vue de Bergson et à celui de Pavlof, l’auteur dénote, comme seul
trouble caractéristique de cet état, la perte de photo-réactions mo-
trices relativement compliquées. La bizarre théorie ciassique qui ad-
met des « images psychiques » dans des « centres nerveux » pourra
recevoir quelque dommage de cette bien simple, mais bien forte remar-
que de S. Davidenkof : «... Voilà une objection que l’on pourrait faire
à priori à cette manière d’envisager les faits. G’est que toutes ces «ima-
ges sont de perception simple et de perception intellectuelle »; tout
le schéma, avec ses deux étages de la reconnaissance, n’est qu’une
théorie pure, parce que nous n’éprouvons pas dans notre conscience
ces images différenciées. » M. M.
ITALIE
Annali de Freniatria , 1912.
Suppuration fétido-gazeuse à anaérobies cbez une démente
précoce, par Giacinto Fornaca. — II s’agit d’une démente paranoide
atteinte de fièvre avec toux et expectoration muco-purulente. A l’aus-
cultation, signes de bronchite aigué, dont la malade guérit au bout
d’une semaine d’infirmerie. Mais au bout de quelque temps survin-
rent des abcès succédant à des taches ecchymotiques. Ges abcès conte-
naient des gaz d’odeur fécaloìde et un pus brun. Ils guérirent rapi-
dement.
Les culturesonldémontré qu’ils’agissaitd’unpus à anaérobies, dont
le germe ne pouvait ètre assimilé à aucune espèce eonnue.
L’auteur se contente d’exposer le résultat de ses investigations
et n’en donne aucune interprétation. L’intérèt du cas semble d’ailleurs
purement bactériologique.
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Encore un essai de no-restraintdanslesmanicomeslesmoins
adaptés, par M. Fulciola. —Le no-res/razní estgénéralementunsujet
de polémiques vives, ennemies de la sérénité etdeTobjeetivité. L’au-
teur veut montrer comment il a pu pratiquer le régime libre dans un
asile qui semblait ne point devoir s’y prèter, tant par son type archai-
que de construction, que par rencombrement énorme qui y régnait.
II y a des mesures qui doivent préparer l’avènement du no-resiraini:
ce sont l’augmentation et l’instruction du personnel, l’encouragement
au travail, la suppression de l’alcool. D’autres aidero /tfson application:
l’institution de chambres de garde, la clinothérapie, l’hydrothérapie,
l’isolement, les médications sédatives, la contention manuelle.
Tels sont les moyens que l’auteur a mis en vigueur au manicome de
Còme. II n’a eu qu’à s’en ìouer. II a évidemment du employer le res -
traint à titre exceptionnel, mais il ne le considère que comme un état
de passage vers le no-reslraint absolu.
L’activité motrice volontaire dans quelques formes d’alié-
nation mentale, par M. Falciola. — L’auteur résume ici une com-
munication qu’il a faite au XIV e congrès de la Société phréniatrique.
Le travail musculaire doit ètreconsidéré commelarésultantedenom-
breuses adaptations de notre volonté au butdedominer des difficultés
déterminées. II n’existe pas, normalement, de fonction défensive
contre le surmenage. L’organisme fonctionne en sorte de se dissimuler,
pour ainsi dire, à lui-mème l’apparition de la fatigue.
Les courbes des valeurs rythmiques obtenues chez les gens nor-
maux et chez les aliénés ne présentent pas de différences essentielles.
Mais il existe des variations d’ordre secondaire :
Par exemple, dans les états d’excitation, le rythme initial est plus
élevé et en général moins discipliné; l’énergie de contraction reste
forte jusqu’à lafinde l’expérience, puis elle tombe tout à coup; dans
les états de dépression, le rythme initial est plus faible et son dé-
cours plus régulier.
Encore à propos de la pression sanguine dans les dìfférentes
phases de la psychose maniaque-dépressive, par M. Falciola. —
En règle générale, iln’y a pas de rapport constant entre la céphaléede
la menstruation et la pression sanguine. D’autre part, la pression arté-
rielle moyenne, chez les individus normaux, se meut entre des limites
trop éloignées, pour pouvoir ètre fixée et servir de termedecomparai-
son dans les résultats obtenus au cours des recherches de l’auteur.
Gelui-ci s’est appliqué surtout à confronter les chiffres obtenus au
cours de très nombreuses mensurations faites pendant les états men-
taux successifs chez le mème sujet.
Dans les phases dépressives, la pression sanguine est en général
abaissée; seule l’angoisse est capable d’élever cette pression au cours
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des états dépressifs. Au cours des paroxysmes anxieux, on a pu obser-
ver des chiffres plus hauts que dans les états d’excitation.
Dans les phases d’excitation, la pression est élevée au début; puis
elle baisse, au moment où apparaissent les symptòmes de fatigue.
Dans les états mixtes, la pression est très variable, s’adaptant bien
ainsi au polymorphisme du tableau clinique.
Dans les intervalles des accès, la pression a pour caractéristiquel’ins-
tabililé.
Accès somambuliques accompagnés de strafoisme transitoire
chez une hystérique, par Francesco Burzio. — II s’agit d’un cas où
l’on vit s’associer et se succéder des troubles psychiques et des trou-
bles oculo-moteurs. Cela confirme, pense l’auteur, la théorie de Buc-
cola sur l’analogie de l’éréthisme des centres psychiques etdel’excita-
tion des centres moteurs, théorie confirmée d’ailleurs parles observa-
tions de Tamburini et par les expériences de Hitzig, Ferria, Munk, etc.
La mythomanie et la simulation des attentats considérées
spécialement chez les adolescents, étude psychopathologique
et m.édico-légale, par Francesco Petro.
Le mythomane simulateur de crime est généralement un hys'té-
rique avec stigmates physiques et psychiques, un déficient, ou un
anormal, qui ne s’est pas révélé aliéné, au sens étroit du mot. C’estle
plus souvent un individu jeune, un adolescent; les femmes se rencon-
trent ici en très grand nombre. Une fantaisie exubérante, l’émotivité
facile, le goùt des aventures, l’instabilité dans le champ des sentiments
et de la volonté, l’égocentrisme, sont les principales caractéristiques
psychiques qui poussent à la simulation les anormaux et les hysté-
riques. La tendance à l’imitation, la facile suggestibilité, une mémoire
défectueuse, une attention faible et une débilité plus ou moins accen-
tuée du pouvoir critique constituent les caractères psychiques que les
anormaux et les hystériques présentent en commun avec les déficients.
Chez les hystériques l’acte de simulation a presque toujours quelque
relation avec la vie sexuelle. La simulation de l’aliéné a toujours quel-
que rapport avec ses troubles sensoriels et avec ses impulsions mor-
bides. L’aliéné ment ordinairement de bonne foi. La simulation de
l’individu normal est toujours consciente, a un but toujours important,
ordinairement plus fait pour profiter au menteur que pour nuire aux
autres ; elle reste dans les limites du possible, du plausible, du facìle.
Elle est logique, isolée, sans fioritures; et elle est égaie à elle-mème
dans tous les récits ; découverte, elle cède à l’évidence.
La simulation pathologique est consciente au début, mais elle peut
devenir secondairement inconsciente. Souvent, elle n’a pas de but
qui en vaille la peine ; elle cherche parfois à nuire à autrui, et toujours
elle met en vedette la personnalité du simulateur. Elle eomporte géné-
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ralement quelque chose de fantastique, d’extraordinaire, d’invraisem-
blable, de théátral et aussi d’illogiquement puéril. Dans ses éditions
successives, elle s’enrichit, elle s’embellit, et tout ce qui jure avec le
précédent récit doit ètre expliqué par un nouveau mensonge. Elle ne
cède que très tardivement, et après avoir longtemps résisté à l’évi-
dence des faits.
En règle générale, pour juger de la responsabilité des mythomanes
simulateurs d’attentats, on ne peut établir de règles fixes, et l’expert
se trouve obligé de résoudre cas par cas les problèmes soumis à ses
investigations.
On me permettra de signaler toute la finesse psychologique et cli-
nique de cette très intéressante étude.
Quelques observations sur la pression sanguine chez les
déments séniles etpréséniles, et essai de thérapeutique par la
théobromine, parGRAZiADio Valabrega. — L’auteurétablitd’abord
que, d’une fagon générale, la pression sanguine s’élève et s’abaisse
en raison inverse de la température de l’atmosphère, alors qu’elle
reste en rapport direct avec la pression barométrique. D’autre part,
elle s’abaisse du fait de la fièvre et du dépérissement organique.
Ghez les déments séniles et préséniles, on observe des différences
de pression entre le bras droit et le bras gauche. II n’existe pas de rap-
port constant entre la fréquence du pouls et le niveau de la pression.
Quand les malades sont hypertendus, les oscillations quotidiennes de
la pression sont généralement assez apparentes. Elles s’accentuent
dans les périodes de plus haute pression et sont le plus souvent en
rapport avec les variations de I’état émotif du sujet. Dans les états
d’agitation psychomotrice, de tension affective, dans l’angoisse, dans
la colère, il y a une forte élévation de pression.
L’auteur, contrairement au jugement de beaucoup, pense que la
théobromine, en général, a une action hypotensive, et provoque une
augmentation notable de la fréquence du pouls. Gette action hypo-
tensivepeuts’expliquer probablement parl’augmentationde la diurèse
et par la vasodilatation.
La théobromine, chez les déments séniles et préséniles, améliore
notablement l’état général, mais le processus artériosclérotique et la
situation cardiaque restent stationnaires.
Avec l’abaissement de la pression, on voit disparaìtre les différentes
manifeslations somatiques de l’artério-sclérose; les états d’agitation
psychomotrice et d’angoisse diminuent de fréquence. Mais, tout en
combattanl victorieusement l’hypotension chez cesmalades, on n’ob-
tient, par la théobromine, aucune amélioration des manifestations
démentielles.
Gela n’est point fait pour nous étonner.
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Sur l’hypoplasie de l’aorte et du système artériel daus quel-
ques íormes de maladies mentales, par Garlo Martinotti. —
L’auteur aobservérhypoplasiede raorteetdusystèmeartériel chez un
certain nombre de malades mentaux, parmi lesquels les épileptiques
se trouvaient en grande majorité. Dans les autres cas, il s’agissait
d’imbécillité, de démence précoce et de dégénérescence mentale. Mais
l’auteur ne songe pas à établir un rapport de eausalité entre cette
hypoplasie et telle ou telle forme de maladie mentale. II admet
simplement qu’elle est due à des causes de nature dégénérative qui
portent leur action sur I’aorte et sur les vaisseaux pendant la période
de croissance et ont une action perturbatricesurles processusde déve-
loppement et de multiplication de leurs éléments cellulaires. L’hypo-
plasie acquerrait ainsì la signification d’un stigmate de dégénérescence.
Georgbs Genil-Perrin.
Le Gèrant : O. DOIN.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL IX
Supplément à la Revue de Psychlatrie. Avriì 1914
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LXVRES HBQyS
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lichen (Aus dem Insiiiui fiìr angewandte psychologie und psycholo-
gische sammelforschung), 2 Teile, 1 vol., 242 p., 1914; Verlag von
Johann Ambrosius Barth, Dòrrienstr., 16, Leipzig.
The biennial repori of ihz board of managers of ihe Springfield State
hospiial of ihe Slale of Maryland sykesville, Maryland from October
1 st 1911, to october 1 st 1913 tohis Excellency the dovernorof Mary-
land, 1 br. 100 p., 1914. Sun Job printing office inc., Baltimore, MD.
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